11 h 55. Mal de crâne. Qu'ajouter d'autre ? Aujourd'hui débute le troisième mois du journal. Bilan ? Je ne sais trop qu'en dire. Une chose pourtant : si j'ai gardé du mois de janvier une certaine impression de maîtrise, le mois de février, en revanche, a filé comme une flèche. Je n'en ai rien vu. Ce qui tendrait à prouver que l'un des objectifs que je m'étais fixé, du moins l'un des points qu'il m'avait semblé intéressant de suivre, soit le temps, se révèle être un échec. Si le premier mois a semblé plus long, c'est certainement dû à la nouveauté du journal qui d'une certaine façon l'a fragmenté, y a posé des repères, des jalons. Maintenant, le fait est installé, l'habitude prise et les choses suivent leur cours normal : le journal a été entièrement conquis par le temps, il en fait partie intégrante, comme le travail, comme le réveil, comme le sommeil. Il n'a plus qu'une valeur anecdotique. Il s'est confondu avec la date du calendrier et à ce titre a exactement la même valeur : celle d'un repère familier, admis, donc invisible.
Journée de printemps. Soleil,
ciel bleu. Quelle joie !
Je passe chez S*** à midi pour une réparation. Que je ne
peux
effectuer. Nous mangeons ensemble. C'est délicieux...
Tout à l'heure, je pars pour Bruxelles pour la soirée chez
D***. Je rentrerai
sans doute dans la nuit, j'ai beaucoup de
travail prévu pour demain...
...hier, visite de Léopold. Il me propose une nouvelle collaboration musicale, cette fois en Allemagne, à Erlangen, près de Nuremberg. Pièce pour deux contrebasses que j'ai un mois pour écrire. Voilà qui m'a quelque peu remonté !
Une carte anonyme adressée à Gabriel Grudzien
: L'Amour et Psyché de Picot, au Louvre : un ange
qui quitte le lit d'une femme nue endormie et
manifestement satisfaite.
Et il rangea Ses ailes. Pour elle...
C'est manuscrit. Le cachet est de Bordeaux. C'est tout...
Pluie, ciel couvert.
Je suis rentré ce midi de Bruxelles où j'ai passé une
excellente soirée... Mais dans l'après-midi et jusqu'à
maintenant (il est 23 h 00), tristesse...
* J.M. (?) suite :
Le point d'interrogation en lieu et place du compte romain
habituel
s'explique par le fait d'une certaine négligence de ma
part ;
à savoir : l'oubli du rapport de deux pièces
musicales :
celle du 25 février, celle du 28 février...
C'est une bonne occasion d'arrêter ce compte qui finalement n'a
aucun intérêt...
Pour ces deux jours oubliés, rien de particulier :
la sempiternelle Gibson que je vais devoir,
sous peine de redite, d'uniformité, de lassitude,
troquer contre un autre instrument.