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L'événement de ces deux jours, hier aujourd'hui, est évidemment la réception de mon très beau cadeau. Que j'ai écouté cette nuit après avoir rédigé la lettre.

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J'ai terminé les Plaisirs et les Jours. Francko est passé au soir. Nous nous sommes couchés à six heures ce matin, samedi. À sept heures, il s'est levé pour repartir. Nous avons évidemment beaucoup bu (les B*** font un potin épouvantable ! ils me font chier !). Il a tout de même réussi à se lever et à partir. Je ne me suis évidemment pas levé pour le saluer. J'ai préféré 11 h 00 comme heure de réveil. (Il m'a fait un cadeau. Un cadeau tout à fait spécial. Personnel. En ce sens qu'il s'agit d'un objet qu'il a fabriqué. Je ne peux pas t'en parler : il faut que tu le voies. Tu comprendras la raison de ce mystère à ce moment-là.)

 

Beau temps, quoique frais...

 

Il ne m'a pas été possible d'emporter hier avec moi le présent cahier. C'eût été difficile de le remplir à bord du bateau qui m'emmenait en Angleterre avec S***. D'où l'absence de compte-rendu... (Quoi qu'il en soit, merveilleuse journée. Et c'est de celle d'hier que je parle. Temps magnifique et de multiples choses vues. Et S*** qui est si délicieuse !...)

 

... en feuilletant mollement l'exemplaire d'Art Press que Francko a oublié. Puis mise au propre de la semaine jusqu'à hier soir. Puis goûter sur la terrasse. Puis remplissage des abreuvoirs à volatiles. Puis coupe de bois – à la hache, excuse du peu ! vlan et tchac, il faut le voir pour le croire – pour le feu du soir. Puis, et enfin, la taille des plantes que je me suis décidé à entreprendre... J'ai donc taillé l'épine du Christ, en prenant bien soin de panser les plaies à l'aide d'un morceau de feuille à cigarette. Puis les trois « tri-facés » pour lesquelles j'ai aussi colmaté à l'aide de feuilles. Puis mon tronc vert qui lui n'a pas laissé s'écouler de liquide, mais sur la coupe duquel j'ai tout de même appliqué une feuille. Au fait, doit-on les laisser un moment, les feuilles, ou faut-il les retirer aussitôt après qu'elles ont absorbé le gros de l'écoulement ? Autre chose : j'ai jeté l'excédent des tri-facés, mais j'ai conservé ce que j'ai coupé de l'épine et du tronc. Puis-je espérer en faire quoi que ce soit ? J'ai continué en coupant les branches de la plante grasse (nom ?) que nous avons vu à la dimension d'arbre à la fenêtre de l'auberge Mozart à Bruges. J'ai eu un peu mal au cœur de détériorer cette très belle plante et j'espère que ça marchera... Et puisque j'étais parti pour couper, j'ai continué sur ma lancée et ai sectionné toute plante sectionnable de la maison... Une de tes boutures (plantes à feuilles vert d 'eau) est morte. L'autre ne vaut guère mieux : les deux boutures du pot sont couchées. Que faire ? L'un des cactus à multiples épines et à dominante jaune, de forme oblongue, s'est couché il y a quelques jours. Que faire ? Pour le reste, tout va bien et j'ai bien cru les entendre frétiller de joie cette après-midi dans l'atmosphère étouffante de la véranda. Tout bourgeonne à qui mieux mieux. Notamment la vigne qui prend ses premières feuilles. Quel ravissement ! et quel soulagement, car j'avoue que je me demandais ce qu'allait donner ma taille. Je sais, c'est stupide, il n'y a vraiment aucune raison pour qu'une taille empêche une plante, fut-elle vigne, de reprendre normalement au printemps. Bref, tout cela est bien agréable et j'ai hâte de la revoir de nouveau feuillue et grappeuse.

 

Il y a plus d'un mois d'affilée
que je travaille. Je suis à bout...

 

Samedi et dimanche, Angleterre. Voir notes de voyage prises sur calepin et que j'ai saisies hier. Hier où je ne me suis pas senti le courage d'aller travailler. J'ai de plus en plus de mal, le matin, à me détacher d'elle, à sortir du lit, à quitter sa chaleur. Je ne suis pas allé travailler. J'ai passé la matinée devant l'écran à reporter mes notes de voyage et celles concernant l'article pour Sébastien. Ça commence à prendre forme. Je crois que je peux espérer faire quelque chose de correct. J'ai encore une bonne dizaine de jours devant moi...

 

Hier après-midi, j'ai rencontré Pascal Allard pour le projet de la rue V. Aventure intéressante, dit-il, mais, comme pour le précédent projet de La Collection, indéfinissable, incernable. Diffficile à défendre. Trouvez-lui un sens et chiffrez-le. Nous nous revoyons dans deux mois. Malgré tout, je crois que ça l'intéresse beaucoup. (pourquoi 99 ? me demande-t-il. Il me demande aussi des nouvelles de l'opéra. Je lui dis ce qu'il en est, soit l'arrêt provisoire. Mais je suis un peu étonné qu'il s'en souvienne. Si la publication de la rue se fait l'année prochaine, je me remettrai à l'opéra. J'aurai tout mon temps pour ça...)

 

Assez beau. Un peu de soleil...

 

Je chante avec des amis.
Ai fait un courrier pour S***.
Je me pose beaucoup de questions à son sujet...

 

Où est-elle ?
Que fait-elle ?
je me sens étrangement
calme depuis quelques jours.

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