C’est à vingt heures exactement qu’arrivent les premiers invités, d’un côté – c’est-à-dire venant de l’avenue S. –, Françoise et Gontran, superbes d’élégance et vaguement chagrinés d’avoir dû abandonner Georges à ses étouffements ; et de l’autre, Venceslas et Pélagie, dont le chic n’est pas moins sûr.

Ainsi, ils vont à la rencontre les uns des autres, et c’est devant le seuil de la maison qu’ils se rejoignent exactement, s’y arrêtent de concert, ou plus précisément s’y immobilisent ; et là se dévisagent, tout à la fois déroutés et incrédules, aucun des deux couples ne parvenant à assimiler cette évidence qu’ils ne sont pas les seuls invités et qu’il va leur falloir partager une table et un repas auxquels ils s’enorgueillissaient d’être les seuls présents, les seuls de la rue à avoir été choisis, élus par cet inconnu qui déjà, pour eux, était devenu un être de choix...