J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir, puis rêves
étranges où je rencontre une demoiselle ; j’ai oublié beaucoup de détails,
d’elle et du rêve, mais gardé les impressions, les attouchements, les
frôlements, les pressions, les hésitations de part et d’autre, elle qui ne
voulait pas me forcer, moi pas m’abandonner, repoussais sans cesse, tout cela au
point que je me suis réveillé plusieurs fois avec, à chaque fois, la peur
panique de ne pouvoir reprendre le fil ; finalement, j’ai tenté de créer une
suite pour rester à jamais au creux de ce doux songe. Au matin, l’impression
était tout aussi forte, et j’ai encore des accents de cette rencontre en moi ;
j’aimerais la retrouver cette nuit, retrouver cette figure, ce visage, mettre un
nom sur ce visage (à quoi qui ressemblait-elle ?), et je viens de penser que je
connais l’origine de ce rêve : un extrait d’un texte d’Aragon, contact avec une
inconnue dans un train bondé ; Sollers le mentionne dans l’un des textes d’Éloge
(je l’ai repris ce matin et tout à l’heure avec une légère baisse d’intérêt :
est-ce lié à ce que j’ai vu de lui cette
nuit ?), texte par ailleurs, celui d’Aragon, magnifique – Aragon a donc été
capable d’écrire de telles choses ?