Odette avait compris 18 h 00 alors que Justine soutenait qu’il s’agissait de 19 h 00, mais en vérité, lorsqu’à 18 h 30 elles sont arrivées, les choses étaient déjà bien entamées : la fête battait son plein et hors Isidore qui ne buvait que très peu et n’était venu que par pure amitié pour Bénédictine, tout le monde était gris, voire, pour certains, dont Solange et Hugues déjà bien défoncés avant leur arrivée, complètement ivre.
Richard roucoulait à l’oreille d’Emma en se frottant à son ventre au gré d’un slow inapproprié à Mano Negra qui caracolait dans la pièce ; Herbert, dans l’attente d’un plat de meilleure consistance – Bénédictine qu’il ne désespérait pas de sauter avant la fin de la soirée –, travaillait hardiment Irène dans la salle de bains : elle, les fesses calées nues sur le bord du lavabo et la main accrochée de guingois à un verre tandis qu’il la besognait en grenadier en suivant sur son propre visage dans la glace la montée progressive de l’extase mêlée à l’ivresse, Irène, par conséquent (en d’autres circonstances, c’est-à-dire en état de sobriété, elle n’aurait pas imaginé un instant que cette situation ait été possible, ait pu même exister), l’ayant elle comme protagoniste et principale actrice...