À vingt heures, exactement. C’est l’heure qu’a notée André sur chacun des cartons d’invitation qu’il est ensuite allé glisser dans la boîte aux lettres de chaque habitant de la rue. C’était il y a une semaine, et plus précisément, dans la nuit du 24 au 25 décembre, nuit de Noël où Ulrich et Brigitte faisaient eux-mêmes leur propre tournée. (Et ainsi chacun et chacune a pu avoir le lendemain matin la double surprise d’un chèque conséquent accompagné d’une mystérieuse invitation à un réveillon dont l’organisateur leur était complètement inconnu, encore qu’ils aient pensé à André, cet étranger qu’ils n’avaient cessé de voir entrer et sortir de la maison abandonnée où allaient bientôt débuter des travaux ; deux cadeaux de Noël donc, présents tombés du ciel qui ont soulevé en eux de multiples questions, mais auxquels il ne leur est pas venu à l’esprit d’opposer un refus : le chèque, diversement reçu et apprécié, a bien été déposé au plus vite à leur banque respective, et dont une portion a servi à l’achat de mises d’apparat d’exception pour cet insolite réveillon auquel ils étaient tous conviés, chaque foyer de la rue, sans en omettre aucun, chacun ayant reçu son carton, chacun se croyant donc l’unique invité, et quelle ne sera pas leur surprise lorsque, petit à petit, ils s’assoiront tous, voisins et voisines, connus et inconnus, amis ou ennemis, autour de cette fastueuse table au bout de laquelle se tiendra Sylvestre, nouveau propriétaire de la maison et frais habitant de la rue...)