C’est la guerre qui l’avait amené, c’est la guerre qui l’avait laissé.

Si c’est la guerre qui avait décidé de son implantation définitive en ce pays étranger au sien, on ne sait. Mais on le prétend. Certes, il y a eu l’amour, mais on préfère penser que de ce soldat sans grand enthousiasme, patriote épisodique et émule d’occasion, la guerre avait jugé bon de se séparer, quand bien même elle était repartie vaincue.

À son terme, il est resté ; deux ans plus tard, il a emménagé au numéro 24 de la rue V. où il habite toujours avec son épouse et le dernier de leurs quatre enfants.

Dans la rue et dans le quartier, on l’a tour à tour appelé : schleu, boche, fritz, fridolin, choucroute, Bismarck, casque à pointe, Adolf, prussco (pour les anciens), Siegfried (pour les lettrés) et doryphore...