À midi tapant, Roger arrête sa camionnette en double file en face du numéro 8 de la rue V.

Il ne coupe pas le moteur ; tout d’abord, il scrute la façade, et en la scrutant, elle dont le revêtement se démantèle par plaques, dont les volets sont vermoulus et descellés, il se met à douter.

Puis la porte s’ouvre et quatre ouvriers chargés d’outils, d’ustensiles divers et d’appareils la franchissent en laissant dans leur sillage, outre des échos de rire et des relents d’efforts, un cinquième individu qui lui ne la franchit pas, mais au contraire y stationne, en occupe l’ouverture en quasi-totalité en jetant un regard sur la gauche, puis sur la droite, puis sur Roger qui à l’intensité du regard désormais fixé sur lui comprend qu’il est arrivé, qu’il ne s’est pas trompé.

Il coupe le moteur, descend ; s’approche de l’homme qui dit s’appeler André et qui lui serre chaleureusement la main. Roger sait immédiatement qu’il ne s’agit pas de l’homme qui lui a passé la commande et, durant un instant, une vague perplexité le trouble, perplexité et doute déplacés, il finit par s’en rendre compte et va à l’arrière du véhicule dont il ouvre les portes, prêt, en compagnie d’André qui lui propose son aide, à décharger...