Ce midi, un inconnu s’est arrêté devant le numéro 8 de la rue V., là où l’affiche de Tatiana achève doucement de s’étioler. Il en a largement détaillé la façade, du pas de porte jusqu’à la gouttière (dont il manque la partie centrale), puis a sorti une clef de sa poche, l’a glissée dans la serrure qu'il a actionnée sans succès.
Il s’y est pris à plusieurs fois, en vain ; puis, comprenant qu’il n’y arriverait pas de cette façon-là, il l’a frappée de quelques coups secs et amples de la plante du pied et ainsi a réussi à la faire sauter.
Le bois, il est vrai, n’était plus très solide, mais lorsqu’Yvette de sa fenêtre l’a vu agir de la sorte, elle n’a pas douté une seconde de sa réussite : aucune porte au monde ne devait résister à une telle assurance, une telle précision et une telle puissance ; et du coup, elle s’est mise à regretter de ne pas l’avoir vu de face, de n’avoir pas vu le visage accordé à ce corps capable de tels coups, et oubliant Marius qui pourtant lui parlait, elle n’a plus quitté des yeux l’embrasure par laquelle l’homme s’était engouffré...