Et comme Angèle l’enjambe pour regagner sa place derrière Aimée – Aimée dont le regard de l’un à l’autre va, Aimée qu’Arnaud éperdu d’amour n’a cessé de fixer –, il la suit des yeux, en souriant de plus belle, en se permettant même, lorsque sur les épaules d’Aimée les mains d’Angèle se posent, un petit ricanement, qui aussitôt arrache aux lèvres d’Angèle une grimace de dégoût et à sa gorge une sorte de grincement articulé :

« Foutez-moi le camp d’ici ! Vite ! »

Il n’en bouge pas pour autant, continue à la fixer, elle qui ne se laisse pas intimider, au contraire, soutient son regard avec un évident mépris et une violence qui va jusqu’à se transmettre aux épaules d’Aimée par l’entremise de ses mains, ses mains qui malgré elles serrent, se referment sur ses clavicules, clavicules d’Aimée qui ne dit rien, supporte et subit, retient la douleur en elle, n’en laisse transparaître qu’une infime part sur son visage – visage qu’Angèle de sa place ne peut voir – qui se crispe et blanchit...