Elle a les cheveux longs, blonds et raides, qui lui arrivent presqu’au niveau des coudes lorsqu’elle se tient debout et droite. Ils sont très beaux, éclatants de santé et de couleur, elle en est très fière.

Ses traits sont fins, voire racés, elle a le teint hâlé des enfants bien nourris qui connaissent chaque année la plage, durant tout l’été, et la neige, quinze jours l’hiver. Angèle est très belle, et elle le sait.

Elle porte un pull blanc, en pure laine peignée, qui lui moule étroitement le buste. C’est passé de mode, mais elle s’en fiche : ça lui moule le buste et c’est tout ce qu’elle demande, car c’est tout ce que demande son amie qui sait qu’elle est très belle, et c’est pour cela qu’elle l’aime, qu’elle aime Angèle, mais aussi sa gorge dont on voit parfaitement les courbes et la forme sous la laine trop fine et trop tendue.

Tout prédisposait Angèle à sa présence au sein de l’Institution Universitaire Catholique de la rue V. : la situation sociale de ses parents, l’éducation souple mais ferme qu’elle a reçue, le souci d’une certaine tradition et réputation à respecter et à maintenir aux yeux de toute une corporation qui conçoit les cieux comme une vaste multinationale à conquérir – cela n’empêche nullement la foi. Pourtant, il y a un accroc ; une anomalie, un faux pas ; une faute – de mauvais goût, comme elle se le dit sans cesse –, son propre prénom : Angèle...