Autant Angèle est blonde qu’Aimée est brune. Autant Angèle porte les cheveux longs qu’Aimée les a courts, ou plus exactement ramassés, condensés, regroupés en une boule, un imposant dôme ou globe qui tout à la fois allierait la coupe de Lulu et les boucles d’Anne-Marie Stretter : c’est cette sorte-là de chevelure (avec un rien de la choucroute à Bardot que l’on aurait compressée jusqu’à en exprimer tout l’air).
C’est du reste tout à fait volontaire, car ces deux femmes de cinéma forment en elle les deux pôles d’un même univers qu’elle se plaît à contempler (pour les silences et l’exquise glace de la première, pour la grâce et la féerique retenue de la seconde), mais sans pour cela qu’il y ait de sa part la volonté d’être l’une ou l’autre, ressembler à l’une ou à l’autre ou les deux assemblées (elle est trop intelligente pour ne pas savoir que l’identification et l’imitation ne sont que des leurres à moustaches pour les pauvres et les petits) et si elle les contemple, c’est qu’elles sont dignes de contemplation (mais sans le moindre soupçon d’admiration) et aussi elle ne les regarde pas comme des totems, des idoles, des fétiches ou des modèles, mais plus justement comme des icônes de compagnie dont l’union des chevelures autour de son crâne serait la conversation...