Quatre citoyens parfaitement conformes donc, qui, depuis des heures, depuis des jours, voire des semaines et même des mois – et à bien y regarder, oui, il s’agit bien de mois –, croupissent dans leur véhicule, et qui, étant partis à la recherche précipitée du petit Rodrigue, fruit du poète et de l’artiste-peintre, inexplicablement disparu à la sortie de son école, n’avaient rien trouvé de mieux que de s’enfoncer dans le siège de la voiture de leurs amis et de ne plus en bouger (et c’est précisément de leur inertie que sont nés les interrogations, puis les soupçons de Fidèle et de Matthias, à ce moment où devait se faire le partage du pactole).
Des amis qui, du reste, ne remuent pas davantage, et, au lieu de proposer une quelconque solution, quelconque marche à suivre pour remettre la main sur le petit égaré (et c’est bien le moins de la part d’amis qui se respectent – mais, justement, se respectent-ils ?) n’ont rien eu de plus pressé que d’imiter les intéressés, c’est-à-dire d’adopter illico la politique de la pétrification. Et à les voir – ce qu’aurait pu faire Roland s’il n’avait pas été si pressé de regagner son studio –, on aurait pu effectivement se demander, tant ils étaient parfaitement inertes, de quel bois ils étaient constitués, et, en y regardant de plus près, si cette sorte de bois – tant toute espèce de lumière était absente de leur regard – n’était pas en vérité celui de l’ennui et de l’indifférence, de la distraction et de la lassitude...