Et tandis que Bénédictine entre dans la salle de bains, que Maxime s’empare de son bloc-correspondance, qu’Alix tourne une nouvelle page de son cahier, Victor, Hugues et Aubin se régalent du spectacle que leur offrent Angèle et Aimée, collées l’une à l’autre en train de s'aimer. Ils rient, ne peuvent s’empêcher de rire, et il est vrai que si cette position inaccoutumée est audacieuse et laisse rêveur, elle est aussi cocasse. Pourtant, ce n’est pas de cet œil-là qu’ils la voient, ce n’est pas pour cette raison-là qu’ils rient : dans leur rire, il n’y a que mépris et répulsion, haine et profond dégoût, expressions de leur totale et définitive condamnation de mœurs et relations qu’ils jugent infâmantes et immorales, et pour tout dire, animales... Aussi, c'est avec une détermination d’autant plus forte qu’ils se jettent sur elles et les séparent, avec une férocité d’autant plus grande qu’ils les fouettent de leur ceinturon, puis les frappent de leurs mains et de leurs poings, puis les défoncent l’une et l’autre à coups de pilon, avant de les compisser généreusement, de mettre à sac leur chambre et de les abandonner tuméfiées et gémissantes, l’une en travers du lit zébrée de sang, l’autre à même le sol, sur le ventre et les bras en croix...