Elle y pense encore lorsqu’elle remonte le trottoir de l’autre côté ; mais subitement n’y pense plus du tout lorsqu’elle atteint sa porte d’entrée, car, en voyant ce battant qui lui remet en mémoire la raison de sa sortie – elle ne le voit de ce côté-ci qu’une fois dans la journée, et pour un seul motif, en une unique circonstance, c’est-à-dire les courses chez « la mère Olive », comme dit Aymar si gentiment et sans aucune malice, ni ironie, ni la plus petite idée de moquerie –, elle pense avec une vague fébrilité à l’heure.

Fleur ne travaille pas, laisse à Aymar le soin de le faire pour deux ; il s’en acquitte très bien, et avec un relatif succès puisqu’il gagne bien sa vie, ou du moins leur vie puisque ce qu’il rapporte chaque mois est bien suffisant à leur subsistance à tous, elle et lui et leurs enfants, avec même un certain excédent qui leur permet à tous – ensemble ou séparément – de s’octroyer quelque agrément...