
Journal
modèle pour son côté méticuleux, méthodique, et révélateur, à la
fois du personnage et d’une époque. Il a été tenu durant
neuf ans, de 1660 à 1669, entamé « sans raison particulière »
(voir introduction de Robert Latham) et
interrompu à cause de la baisse de sa vue (il craignait la cécité,
alors qu’il y a tout de lieu de croire qu’il ne
s’agissait que d’astigmatisme)… Pepys tiendra
scrupuleusement son journal jour après jour (parfois en prenant du
retard, mais en le comblant toujours), à l’exception
d’une période de onze jours (treize selon l’édition de 1906) du
30 septembre au 10 octobre 1668 (cela fait bien onze jours) ; les
pages ont été laissées vierges… Ce qui me frappe, c’est le côté
méticuleux, mais aussi la neutralité, la froideur : c’est un rapport
(comme un rapport de police – voir ce que me disait Yvette au sujet
du mien) ; Pepys livre des informations au sujet de sa vie et de son
entourage, qu’elles soient anodines, triviales (les
descriptifs d’un menu, ses sorties,…) ou plus sérieuses (ce qui se
passe au Parlement ; les habitudes du roi, de la reine, ses
affaires,…). Pepys tient un journal pour lui-même, sans l’idée
d’une quelconque publication (c’était inconcevable à
l’époque), même postérieure : voir son système d’écriture en
abrégé, de type sténo, à l’imitation de celui inventé par
Thomas Shelton en 1626 (j’ignore encore de quoi il
s’agit). Voir aussi ce qu’en dit Robert Latham (p. 13 et suivantes). Ce système rend son
manuscrit illisible, indéchiffrable pour tout œil non averti (il a fallu à
John Smith, en 1820, plus de trois ans pour le décrypter dans sa quasi-totalité
– p. 14). (Voir également les passages de
la préface à traduire et à commenter
– qu’exceptionnellement, j’ai cochés d’un trait de
crayon gris. [vais-je ensuite les gommer ?])…