Je poursuis Loti, et, en parallèle, Huxley. Huxley est nettement plus intéressant que Loti ; il n'empêche que je lis Loti sans déplaisir. C'est le ton badin, un rien précieux, délicieusement évaporé des Désenchantées, d'Aziyadé. J'y adhère pourtant beaucoup moins qu'à une époque. Peut-être est-ce le souvenir très vivace et indélébile (il y a débile dans indélébile) de la fameuse Hyène enragée... Mais je lis cela sans déplaisir. Il s'y trouve quelque chose de vain et de vaguement ridicule presque touchant ; le charme d'une époque, d'une mentalité révolues auxquelles je ne peux m'empêcher d'accorder un peu d'indulgence. Et puis il y a sa trogne, son allure. Et quelle allure. Je ris car, en même temps, je me demande si ce n'est pas tout simplement un sale con. À preuve, cette phrase à la page 95 : « Mon Dieu, qu'on est heureux tout de même d'avoir comme ça des domestiques qui pensent à tout ! »... C'est sous-titré Fragments de journal intime. Le nom de Loti sur la couverture est suivi de celui de son fils, Samuel Viaud. A-t-il donc eu un fils ? (L'un n'empêche pas l'autre, mais tout de même je trouve cela curieux ; sans raison précise : je ne lui vois pas de fils, c'est tout.) La seconde partie a été établie par ce même fils (que par ailleurs il introduit) : fragments du même journal soi-disant perdus, ou disparus, ou négligés par le père, je ne sais plus (je n'ai pas le livre sous la main). La manière dont tout cela s'agence me fait demander s'il ne s'agit pas là d'une mystification... C'est un exemplaire de 1921, chez Calmann-Levy...
24 octobre 1990 (courrier à Marcel)