Dostoïevski n'avait pu supporter la souffrance de sa femme agonisant ; non parce qu'il compatissait, mais parce que ça l'empêchait d'écrire... Mais ne l'ai-je pas inventé ? Je repense au « comme » de Breton qui m'a faussement accompagné pendant plus de quinze ans ; je pense aussi, transition à un autre point que je voulais développer aujourd'hui, à cette affirmation erronée dont je me suis servi en toute bonne foi pour étayer une argumentation, une hypothèse mienne (qui, davantage qu'hypothèse, est une « vérité », vérité mienne, puisque je sais que je n'en démordrai pas). Au restaurant avec Samuel et sa mère ; nous avons de nouveau eu une discussion à propos de l'intelligence : Samuel croit en le cerveau vierge identique pour tous à la naissance, Éléonore et moi allons dans le sens de ce « quelque chose » qui fait que, quoi qu'il arrive, chacun est différent et unique et d'une certaine manière prédisposé, voire prédestiné. C'est donc sinon le don, du moins l'aptitude de naissance : ce que l'un sera apte à faire, l'autre ne le sera pas, quel que soit son parcours. Pourquoi ? Éléonore ne se l'explique pas : elle le constate ; pour ma part, je vais dans le sens d'un certain potentiel d'intelligence, ou du moins, pour écarter toutes connotations et extensions liées à ce mot, de cérébralité. Un potentiel différent d'une certaine capacité à comprendre (joindre la capacité à l'aptitude – et je pense tout à coup au « comprendre » tel qu'il est exprimé par Torga dans Portugal)...