J’avais parlé à Éléonore du lieu extraordinaire que j’avais découvert près de la Colonne, elle a désiré que je l’y emmène. Juste après le rond-point, il y a le pont de l’autoroute et, à une cinquantaine de mètres, isolée, une maison, avec à l’extérieur, un panneau « vide-greniers ». Nous sommes allés voir. Sur la terrasse étaient étalées diverses choses, vaisselle, outils, quelques livres. La dame quittait cette maison, en faisait le débarras. J’ai réussi à tirer quatre livres : Un Secret et La Place pour la boutique ; un répertoire rigolo (Éléonore pense en faire un cadeau de Noël) ; un Khadra, j’ai oublié le titre, pour la boutique aussi. Nous avons été frappés par le bruit : la maison est à cinquante mètres de l’autoroute ; comment peut-on supporter ce bruit constant ? Mais j’imagine que la maison était là avant son tracé, et c’est peut-être pour cette raison qu’elle s’en va, parce qu’elle n’en peut plus, est à bout (j’ai hésité à lui demander des détails). (Cent mètres plus loin, là où commence la part bucolique de ce morceau de campagne, c’est le silence…) Sur le chemin du retour, Éléonore m’a fait faire un crochet jusqu’au petit supermarché qui surplombe le littoral ; j’ai passé la moitié de mon temps dans la voiture, y ai entamé le Khadra, La rose de Blida et autres nouvelles ; ce n’est pas très bien écrit – sans compter quelques bourdes grammaticales –, ça ne m’a pas emballé, je l’ai mis en vente aussitôt rentré…
(L’ensemble faisait un peu cher, je n’allais certainement pas en tirer grand-chose à la vente, j’ai marchandé. « Vous êtes dur ! » a-t-elle dit en riant. Rétrospectivement, je m’en suis voulu d’avoir cherché à profiter de cette dame qui essaie de rassembler quelques sous avant son départ ; ce n’était pas des puces.)
1er août 2021