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166 : « Le lendemain, j’ai ordonné à Laurent de m’ache-ter un crucifix de bois, une image de la Sainte Vierge et un flacon d’eau bénite. Soradaci lui demanda hardiment ses dix sous et Laurent, faisant le généreux, se mit en rire et l’appelant gueux lui en donna vingt. »

 

924 : « Le lendemain, j’ai ordonné à Laurent de m’acheter un crucifix de bois, une estampe de la Sainte-Vierge, et de me porter un flacon d’eau bénite. Soradaci lui demanda ses dix sous, et Laurent avec un air de mépris lui en donna vingt. »

 

« Après le départ de Laurent, j’ai partagé ma soupe avec ce traître et j’ai conçu le projet de faire une expérience ; mais auparavant j’ai tiré adroitement du livre la lettre du père Balbi et je l’ai lue sans qu’il y prenne garde. Il me peignait dans sa lettre sa surprise, sa frayeur : il s’était sauvé dans un instant ; il était rentré dans son cachot plus mort que vivant et il avait vite remis l’estampe sous le trou ; mais si Laurent fût allé chez lui, tout était perdu, car il aurait vu le trou ouvert et il ne l’aurait point vu dans le cachot. »

 

« Après son départ, j’ai adroitement tiré hors du livre la lettre du père Balbi qui me peignait sa frayeur. Il était rentré dans son cachot plus mort que vivant, et il avait vite remis l’estampe sous le trou. Il réfléchissait que tout était perdu si Laurent se fût avisé de mettre Soradaci dans son galetas au lieu de le mettre avec moi. Il ne l’aurait pas vu dans le cachot, et il aurait vu l’ouverture. »

 

167 : « J’ai donc passé une grande partie de la journée à les écrire avec du crayon. »

 

« J’ai passé deux heures à écrire ces lettres avec du crayon. »

 

168 : « [...] et il versa des larmes, dont la grande source ne s’ouvrait qu’après qu’il avait bu. »

 

« Il se mit à pleurer et à s’appeler malheureux de ce que je pouvais supposer sa trahison vraisemblable. »

 

« Ces lettres étaient faites pour me concilier la pitié et l’estime des trois tout-puissants qui me tenaient dans un si dur esclavage. »

 

925 : « Elles étaient faites pour me concilier l’indulgence du tribunal et même son estime. »

 

169 : « Je priais M. de Gr... de m’envoyer quelques fla-cons de vin de Poleselle et M. de Br... de m’envoyer l’histoire de Venise de Contarini et des bottes très larges doublées de peau d’ours avant l’hiver, car, me trouvant dans un cachot où je pouvais marcher debout, j’avais besoin de tenir mes jambes chaudes. Je n’ai pas voulu que Soradaci sache que mes lettres étaient innocentes à ce point-là, car, s’il l’avait su, il lui serait peut-être venu le caprice de faire une action d’honnête homme. Il les cousit à sa veste. »

 

« Je priais M. de Bragadin de m’envoyer des bottes doublées pour l’hiver, mon cachot étant assez haut pour que je pusse y tenir debout et m’y promener. Je n’ai pas voulu que Soradaci sache que mes lettres étaient si innocentes, car il aurait pu lui venir le caprice de faire une action d’honnête homme et de les porter. »

 

C’est ici que s’achève le chapitre XIV dans Histoire de ma vie

 

« [...] et, ne l’ayant pas vu retourner, j’ai cru de ne plus le revoir. J’ai écrit au moine de poursuivre son travail, mais vers la fin du jour j’ai vu Laurent qui me reconduisait ce méchant animal. »

 

« Ne le voyant pas revenir j’ai cru de ne plus le revoir ; mais on me l’a reconduit vers la fin du jour, ce qui m’a un peu surpris. »

 

170 : « J’ai connu sans rien dire et avec amertume qu’il était possible qu’on le laissât avec moi pour longtemps. Dans la nuit, pendant qu’il dormait, j’ai écrit au père Balbi tout cet événement après avoir tiré hors du livre la lettre que je lui avais écrite. C’est à cette occasion que je me suis rendu habile à écrire dans l’obscurité. »

 

926 : « J’ai connu dans l’amertume de mon âme qu’il était possible qu’on le laissât avec moi pour longtemps. J’ai écrit dans la nuit au père Balbi tout cet événement. Ce fut là-dedans que je me suis accoutumé à écrire à l’obscur. »

 

173 : « Ne sachant pas de quelle méthode me servir pour me faire révéler le moment de ma liberté par la Bible [...]. »

 

927 : « Ne sachant pas de quelle méthode me servir pour obliger la destinée à me faire révéler par la Bible le moment dans lequel je recouvrerais ma liberté, [...]. »

 

174 : « Je le [le lecteur] prie de ne pas vouloir, d’après cette fidèle narration, me dépêcher pour un homme plus superstitieux qu’un autre ni pour un esprit capable à cause d’un fait pareil de former un système : il se tromperait. Je narre la chose parce qu’elle est vraie, quoique extraor-dinaire, et parce qu’à cause de l’attention que j’y ai faite il m’est peut-être arrivé de me sauver. Ce ne sont pas les prédictions qui font arriver un fait quelconque, mais c’est le fait lui-même qui arrivant rend à la prédiction le service de l’avérer. Lorsque le fait n’arrive pas, elle devient nulle ; mais il y a dans l’histoire générale beaucoup d’événements qui ne seraient jamais arrivés s’ils n’eussent pas été prédits. »

 

928 : « Je le prie de ne pas vouloir d’après cette fidèle narration m’expédier pour homme plus superstitieux qu’un autre, car il se tromperait. Je narre la chose parce qu’elle est vraie et extraordinaire, et parce que si je n’y avais pas fait attention je ne me serais peut-être pas sauvé. Ce fait instruira tous ceux qui ne sont pas encore devenus savants que sans les prédictions plusieurs faits qui arrivèrent ne seraient jamais arrivés. Le fait rend à la prédiction le service de la vérifier. Si le fait n’arrive pas la prédiction devient nulle ; mais je renvoie mon lecteur débonnaire à l’histoire générale, où il trouvera beaucoup d’événements qui ne seraient jamais arrivés s’ils n’avaient pas été prédits. Pardon à la digression. »

 

175 : « Le matin, après que Laurent, auquel j’ai donné le livre pour le père Balbi, nous quitta, j’ai dit à Soradaci de venir manger la soupe. »

 

« Le matin après que Laurent nous quitta j’ai dit à Soradaci de venir manger la soupe. »

 

176 : « [...], il s’agissait de voir lequel de nous deux jouerait avec plus d’habileté son personnage. »

 

929 : « [...], il s’agissait de voir lequel de nous deux serait le plus habile. Je lui avais préparé une attaque contre laquelle j’étais sûr qu’il ne pouvait se défendre. »

 

« Vous ne mourrez pas et vous serez heureux. »

 

« Vous ne mourrez pas, et vous sortirez d’ici avec moi. »

 

177 : « Lorsque j’ai vu qu’il ne me répondait pas, j’ai pris entre mes mains un livre d’heures, je me suis fait le signe de la croix, j’ai baisé l’image de la Vierge, j’ai arrosé le cachot d’eau bénite et j’ai commencé à faire semblant de prier. »

 

« J’ai pris alors mon livre d’heures, j’ai arrosé d’eau bénite le cachot, et j’ai commencé à faire semblant de prier DIEU en baisant de temps en temps l’image de la Vierge. »

 

178 : « J’ai alors observé sa satisfaction, car en lui-même il était sûr que l’ange ne viendrait pas. Toutes les heures avant les dix-neuf lui furent fort longues, mais elles ne passèrent pas plus vite pour moi. Cette comédie m’amusait et je me sentais sûr de mon effet. L’incertitude cependant me tourmentait. Je me voyais perdu si par oubli Laurent n’eût pas porté le livre au père Balbi. »

 

930 : « J’ai alors observé sa satisfaction, car il se sentait sûr que l’ange ne viendrait pas. Il avait l’air de me plaindre. Il me tardait d’entendre sonner l’heure dix-neuvième, et cette comédie m’amusait infiniment, car j’étais sûr que l’arrivée de l’ange devait donner des vertiges à la misérable raison de cet animal. La chose ne pouvait manquer à mon grand regret que dans le seul cas que Laurent eût oublié de porter le livre. »

 

179 : « […] ; il parlait de ses péchés de ses dévotions, des miracles que sa femme lui avait contés, de ce qu’il pourrait faire avec moi, ignorant comme il était, et il me fit une réflexion fort singulière, à laquelle je n’ai répondu qu’en biaisant. Il me dit que s’il ne m’eût pas trahi, je n’aurais jamais reçu de la Sainte Vierge une grâce si signalée et qu’ainsi je lui en avais l’obligation. Il voulait jurer d’abord, mais je lui ai dit qu’avant que d’en venir là j’avais besoin d’une véritable marque de son obéissance. Je lui ai dit qu’il devait se tenir immobile sur sa paillasse, le visage tourné vers la cloison tout le temps que Laurent resterait le matin dans le cachot, et que, s’il lui parlait, il devait lui répondre sans le regarder et ne lui dire autre chose sinon que les puces ne le laissaient pas dormir. Il me promit qu’il ferait exactement ce que je lui ordonnais. J’ai ajouté avec un ton de douceur, mais ferme et imposant, que j’étais ainsi inspiré et en devoir de tenir les yeux sur lui pour courir l’étrangler si j’eusse vu qu’il jetterait sur Laurent le moindre regard. Dans la nuit, j’ai écrit au moine l’histoire de ce prodige pour lui faire comprendre l’importance de l’exactitude dans le rôle d’ange que je lui faisais jouer. Je lui disais que nous sortirions la nuit du trente-et-un, et que nous serions quatre, en comptant son camarade. »

 

931 : « Il parlait de ses péchés, de ses dévotions particuliè-res, de son zèle pour S. Marc, de ses devoirs vis-à-vis de son prince, et il attribuait à ce mérite la grâce qu’il recevait alors de la Sainte Vierge, et j’ai dû souffrir ici une longue narration des miracles du Rosaire que sa femme, dont le confesseur était un dominicain, lui avait contés. Il me disait qu’il ne pouvait pas deviner ce que je pourrais faire de lui, ignorant comme il était.

– Vous serez à mon service, et vous aurez tout ce qui vous sera nécessaire sans plus faire le dangereux et vilain métier d’espion.

– Mais nous ne pourrons plus rester à Venise.

– Non certainement. L’ange nous conduira dans un État qui n’appartiendra pas à St-Marc. Êtes-vous disposé à me jurer de quitter ce métier ? Et si vous jurez, deviendrez-vous parjure une autre fois ?

– Si je jure, je ne manquerai plus à mon serment, cela est sûr ; mais convenez que sans mon parjure vous n’auriez pas obtenu de la Sainte Vierge la grâce qu’elle vous a faite. Mon manque de foi est la cause de votre bonheur. Vous devez donc m’être obligé, et aimer ma trahison.

– Aimez-vous Judas qui a trahi Jésus-Christ ?

–  Non.

– Vous voyez donc qu’on déteste le traître, et qu’on adore en même temps la Providence qui sait faire sortir le bien du mal. Vous avez été un scélérat, mon cher, jusqu’à présent. Vous avez offensé DIEU et la Sainte Vierge, et actuellement je ne veux plus accepter votre serment à moins que vous ne fassiez une expiation à votre péché.

– Quel péché ai-je fait ?

– Vous avez péché d’orgueil en supposant que je doive vous être obligé de ce que vous avez remis mes lettres au secrétaire.

– Quelle est donc l’expiation de mon péché ?

– La voici. Demain lorsque Laurent viendra, vous devrez vous tenir immobile sur votre paillasse, le visage tourné vers le mur, sans jamais regarder Laurent. S’il vous parle, vous devez lui répondre sans le regarder que vous n’avez pas pu dormir. Me promettez-vous d’être obéissant ?

– Je vous promets que je ferai tout ce que vous me dites.

– Promettez cela à cette sainte image. Vite.

– Je vous promets très Sainte Vierge qu’à l’arrivée de Laurent je ne le regarderai pas, et que je ne bougerai pas de ma paillasse.

– Et moi, très Sainte Vierge, je vous jure par les entrailles de Jésus-Christ votre Dieu et fils, que d’abord que je verrai Soradaci tourné vers Laurent je courrai sur-le-champ à lui, et je l’étranglerai à votre honneur et gloire.

Je lui ai demandé s’il avait quelque opposition à mon serment, et il me répondit qu’il était content. Je lui ai alors donné à manger, et je lui ai dit de se coucher, car j’avais besoin de dormir. J’ai passé deux heures à écrire au moine toute cette histoire, et je lui ai dit que si l’ouvrage était à la perfection il n’avait plus besoin de venir sur le toit de mon cachot que pour abattre la planche, et y entrer. Je lui disais que nous sortirions la nuit du trente-et-un octobre, et que nous serions quatre en comptant son camarade et le mien. »

 

181 : « Il m’embarrassa un jour en me disant qu’il ne concevait pas comment un ange pouvait avoir besoin d’un temps si long pour percer des planches. Lorsque j’ai su que le petit canal en cercle était fini, j’ai accepté le serment qu’il me fit de quitter son vilain métier et je lui ai juré de ne jamais l’abandonner. »

 

932 : « Il m’embarrassa en me disant qu’il ne concevait pas comment un ange pouvait avoir besoin d’un si long travail pour ouvrir mon cachot ; mais je me suis d’abord débarrassé en lui disant qu’il ne travaillait pas en qualité d’ange mais en qualité d’homme, et au surplus je lui ai dit que sa pensée malicieuse avait dans l’instant offensé la Sainte Vierge. »

 

Suit dans Histoire de ma vie un passage absent de
Ma Fuite où, à la page 183, il dit laconiquement :

 

« Le trente-un, de bon matin, j’ai vu Laurent pour la dernière fois […]. »

« Et vous verrez, lui dis-je, qu’à cause de ce péché l’ange ne viendra pas aujourd’hui. Vous pensez toujours, non comme un homme honnête, pieux, et dévot, mais comme un malin pécheur qui croit de traiter avec Messer Grande et des sbires.

Il se mit alors à pleurer, et je fus enchanté de le voir déses-péré lorsque dix-neuf heures sonnèrent, et qu’on n’entendit pas l’arrivée de l’ange. J’ai fait alors des plaintes qui le désolèrent, et je l’ai laissé passer dans l’affliction toute la journée. Le lendemain, il ne manqua pas à l’obéissance, et interrogé de l’état de sa santé par Laurent il lui répondit sans le regarder. Il se régla ainsi le jour suivant jusqu’à ce qu’enfin j’aie vu Laurent pour la dernière fois le trente un au matin lui ayant donné le livre dans lequel j’avertissais le moine de venir abattre l’ouverture à dix-sept heures. Pour le coup je ne craignais plus aucun contretemps, ayant su de Laurent même que non seulement les Inquisiteurs, mais que le secrétaire aussi étaient allés à la campagne. Je ne pouvais avoir peur de l’arrivée de quelque nouvel hôte et je n’avais plus besoin de ménager cet infâme coquin. »

 

Suit une longue réflexion commune aux deux textes,
mais rédigée différemment dans Histoire de ma vie :

 

« Il se peut qu’ici quelque lecteur ait besoin d’une déclaration de ma façon de penser sur ce serment et sur l’usage que j’ai fait de nos sacrés mystères et de notre religion pour tromper ce méchant animal. J’ai aussi besoin de la faire en général, cette déclaration,  en qualité d’apolo-gie, car je ne veux ni scandaliser personne ni passer pour un autre.  Je dirai donc que je ne prétends ni de me vanter ni de me confesser : mon but n’est que d’écrire la pure vérité sans m’embarrasser du jugement que quiconque me lira pourra porter sur ma façon de penser ou sur ma morale ; mais par manière d’acquit je puis cependant m’ex-pliquer un peu là-dessus.
      Je ne me vante pas d’avoir abusé de ma religion et du germe que cet homme-là en avait dans l’âme, parce que je sais que je m’en suis servi à contre-cœur et ne pouvant faire autrement, dans la nécessité où j’étais de me sauver. Je ne me confesse pas non plus d’avoir fait ce que j’ai fait, parce que je n’en rougis pas, parce que je ne me sens pas repenti et parce que je sens que j’en agirais de même aujourd’hui, si le cas l’exigeait. »

 

« Mais voici une apologie qui m’est nécessaire peut-être vis-à-vis de quelque lecteur qui pourrait juger sinistrement de ma religion et de ma morale par rapport à l’abus que j’ai fait de nos saints mystères, et au serment que j’ai exigé de cet imbécile, et aux mensonges que je lui ai dit touchant l’apparition de la sainte Vierge.

Mon but étant celui de narrer l’histoire de mon évasion avec toutes les véritables circonstances qui l’ont accompa-gnée je me suis cru en devoir de ne rien cacher. Je ne peux pas dire de me confesser, car je ne me sens mortifié par aucun repentir, et je ne peux pas dire non plus de me vanter, car ce fut à contrecœur que je me suis servi de l’imposture. Si j’avais eu des meilleurs moyens je leur aurais donné certainement la préférence. Pour regagner ma liberté, je sens que je ferais encore aujourd’hui la même chose, et peut-être beaucoup davantage. »

 

182 : « J’ai fait mon devoir, et la victoire qui couronna mon exploit peut être une preuve qu’il fut approuvé de la providence éternelle. »

 

933 : « Je crois d’avoir fait mon devoir, et la victoire qui a couronné mon exploit peut être une preuve que mes moyens ne furent pas désapprouvés par la Providence éternelle. »

 

(Pourquoi ce recul, cette réticence, comme
une frilosité, ou une crainte quelconque ?...)

 

183 : « Je lui ai dit que l’ange aurait une barbe longue comme la mienne et aurait des ciseaux avec lesquels il nous la couperait à tous les deux. Toujours étonné, il ne doutait plus de rien et il me promit obéissance ; mais tout était déjà fait et je ne me souciais plus de lui en faire croire. Jamais sept heures ne me durèrent si longtemps. Au moindre bruit que j’entendais dehors, je m’attendais à voir Laurent qui serait venu prendre l’espion qui n’aurait pas manqué de lui narrer d’abord tous les prodiges dont il avait été témoin : j’en serais mort de douleur. Je n’avais pas dormi ; je n’ai pu manger ni boire. Enfin dix-huit heures sonnèrent. »

 

934 : « Après le départ de Laurent j’ai dit à Soradaci que l’Ange viendrait faire une ouverture dans le toit de mon cachot à dix-sept heures ; il portera des ciseaux, lui dis-je, et vous nous couperez la barbe à moi et à l’ange.

– Est-ce que l’ange a la barbe ?

– Oui, vous le verrez. Après cela, nous sortirons, et nous irons rompre le toit du Palais ; et dans la nuit nous descendrons à la place de St-Marc et nous irons en Allemagne.

Il ne me répondit pas ; il mangea tout seul, car j’avais le cœur et l’esprit trop occupés de l’affaire pour avoir la faculté de manger. Je n’avais même pas pu dormir.

Dix-sept heures sonnèrent, et voilà l’ange. »

 

184 : « L’ange n’employa que dix minutes à ouvrir le trou en enfonçant le petit canal. »

 

« En moins de trois minutes il enfonça le canal […]. »

 

Une note de bas de page dans Histoire de ma vie indique : « On lit dans l’Histoire de ma fuite (p. 187) : “ L’ange n’employa que dix minutes à ouvrir le trou en enfonçant le petit canal. ” C’est encore là sans doute un remaniement malheureux de Laforgue. »

Que vient faire là Laforgue ? à quel texte l’auteur de la note se réfère-t-il ? Sans doute à la traduction que Laforgue a faite du récit de la fuite et dont j’ignore tout. Ça n’explique pas tout, car la phrase rapportée est strictement la même que celle de l’édition que je possède et qui est donnée comme étant l’originale. Ledit auteur ignore-t-il donc cette édition ?...

 

« J’ai dit en latin au moine de rester là, que je ne voulais pas laisser ce coquin tout seul […]. »

 

« Impatient de voir le local j’ai dit au moine de rester avec Soradaci car je ne voulais pas le laisser seul […]. »

 

186 : « Je ne me gênais plus ; j’avais envoyé à l’enfer le masque de l’hypocrisie que je gardais toute la journée depuis une semaine. »

 

935 : « Je ne me gênais plus ; j’avais envoyé à tous les diables le masque de Tartuffe que je gardais toute la journée depuis une semaine pour empêcher ce double coquin de me trahir. »

 

188 : « Ce bon vieillard commença par me dire avec douceur […]. »

 

936 : « Ce pauvre vieillard […]. »

 

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