La note 9 de la page 68 me fait penser à ce que je pourrais appeler le syndrome du « nez dedans ». C’est-à-dire : être contre ou dans les choses, au plus près, et donc de ne pas, ne plus les voir. C’est évidemment le recul, la distance qui fait que l’on voit. Ainsi, vivre avec son temps, être informé, se tenir au courant de tout ; autrement dit : être au plus près des choses et ne pas les voir. Illusion totale. Ainsi, les lieux communs, les clichés (j’en parlais hier à Éléonore) tels ceux débités hier, à l’expression desquels je ne peux assister sans effroi, sans frisson, sans douter de leur réalité, du sérieux qu’on leur accorde. Je ne crois pas, et ne peux croire (c’est-à-dire : je suis incrédule) qu’on puisse les formuler sérieusement. On peut ; parce qu’il s’agit de phrases, de formules automatiques, réflexes qui investissent toute la pensée à ce moment-là. On est (doit être puisque je ne peux que le présumer) entièrement cette formule et la pseudo-pensée qui y est liée. On a le nez dedans… (On est le nez dedans…)

 

17 février 2003