Vérification en rentrant : c'est son unique roman, écrit en 1938 (je l'aurais
cru plus proche de la Première guerre qui sert de décor final – voir La
montagne magique). Son titre original est « Ungeduld des Herzens »,
c'est-à-dire « Impatience du cœur », premier titre français. Pourquoi cette
pitié, même si elle se justifie ? (Parlant de Mai, ce midi, j'ai vu la
mère d'Olivette. Je pénétrais dans le niveau bas de la galerie pour me diriger
vers le tabac, au-delà des escalators que j'allais dépasser par la gauche. Celui
de gauche descend, celui de droite monte. Une forme noire a posé le pied sur le
second alors que j'atteignais le niveau du premier. J'ai tout de suite pensé à
elle ; un coup d'œil a confirmé qu'il s'agissait bien d'elle. Mon cœur s'est
arrêté, mon regard a quitté son profil au moment où elle tournait la tête, s'est
figé droit devant moi alors qu'elle me regardait. Elle n'a pas remarqué mon
regard sur elle, mais j'ai clairement perçu le sien sur moi alors que je
poursuivais ma marche et que l'escalator l'emportait au niveau haut... C'est
ainsi que se termine La pitié dangereuse, par la fuite du narrateur qui
ne veut pas être vu d'une personne du passé... Il est indéniable du reste que
dans l'intérêt que j'ai porté à cette histoire est entrée ma propre histoire
avec Olivette, histoire, quoi que j'en dise, teintée de pitié...)