Plaisir intense lorsque je l'ai entamé ; il ne s'est pas démenti jusqu'à la dernière page, jusqu'au dernier mot, sans que je sache véritablement d'où il provient, ce qui l'a suscité. Plaisir, curiosité et avidité, d'un bout à l'autre. Que va-t-il faire ? comment va-t-il réagir ? que va-t-il se passer ? D'un bout à l'autre, j'ai été pris comme on peut l'être à douze ans par un roman d'aventures. Péripéties, rebondissements, coups de théâtre ; tout cela dans la grande tradition du genre romanesque, l'écriture à l'avenant, désuète à loisir (et presqu’à souhait). Emportements, envols, élans, et les réflexions qui les accompagnent, les soulignent, les illustrent, au sujet de l'humain, de la maladie, de la souffrance, de l'honneur ; au sujet de la différence, de l'amour ; de la pitié qui est bien le centre du texte, son prétexte. Tout cela est on ne peut plus classique, voire, parfois, ordinaire, mais je me suis laissé prendre, emporter, du premier mot jusqu'au dernier. Pourquoi ? qu'est-ce qui joue ? Qu'est-ce qui fait que, toute raison abandonnée (voire tout jugement), je me laisse aller totalement à la seule trame d'une histoire qui, en d'autres circonstances, en d'autres temps, m'aurait fait ricaner... Le nom de Zweig m'a certainement influencé, lui qui, de la même manière, dans d'autres livres, m'a proprement « emballé » (et c'est dans ses deux sens qu'il faut le prendre). Il y a aussi, sans doute, le charme d'une écriture un peu passée, quoique, malgré tout, Zweig ne cède pas à toutes les facilités de ce style aujourd'hui désuet. Quoi d'autre ? Les lois primaires de l'humanité, sans doute, telles celles de l'amour, l'amour tel qu'il s'exprime ici, et tel qu'il est rejeté. Et puis l'authenticité d'une confession (qu'elle soit fictionnelle ou non, que l'affaire ait été vécue ou non). Et d'abord, peut-être est-ce ce qui prime, car souvent, au fil de la lecture, j'ai pensé à mon Journal d'un homme en mai qui souvent a ce ton, cette écriture, ce ton et cette écriture que je trouve ridicules rétrospectivement, mais qui ne me gênent pas ici, au contraire, tous deux participent au plaisir de la lecture ; et à authenticité, je peux ajouter sincérité, et humanité... Voir notes pour le reste...