Avant-hier, j’avais pensé le retirer de ma boutique pour gagner un peu de place. « Et qui va m’acheter cela ? » Le soir même, on me l’a commandé... Comme il dépassait les trois centimètres d’épaisseur, j’ai dû l’envoyer en colissimo et, de surcroît, aller à la poste principale puisque c’était le jour de fermeture du bureau d’ici. J’ai attendu qu’un comptoir se libère, c’était un homme. Tout était prêt, paquet affranchi et bordereau rempli, il n’avait qu’à me rendre le double du bordereau avec un cachet. Mais il s’est attardé sur les timbres, sept en tout, les a regardés, a posé le doigt dessus comme pour en vérifier l’authenticité. « C’est bon », ai-je dit, « sept trente-cinq. Cinq prioritaires et les deux derniers sont en francs, quarante-trois centimes et quarante-six. Il y a même un petit peu plus. » « On va voir ça. » Il l’a pesé. « Oui, sept trente-cinq. » Puis a entrepris de vérifier l’affranchissement – c’est la première fois que cela m’arrive. Il a sorti une calculette. « Un vingt-huit par cinq… » « Six quarante », ai-je dit. « Six quarante, oui, plus, combien vous m’avez dit pour les deux autres ? » « Quarante-trois et quarante-six. » « Plus donc, quarante-trois et quarante-six centimes, égalent sept vingt-neuf. » « Ah bon ? Non, sept trente-neuf, j’ai compté plusieurs fois. » Et c’était vrai (je ne triche jamais lorsque je dois passer au comptoir). « Non, sept vingt-neuf. Cinq timbres prioritaires à un vingt-huit égalent… » « Six quarante. » « Six quarante plus, combien vous m’avez dit pour les deux derniers ? » « Quarante-trois et quarante-six. » « Plus donc quarante-trois et quarante-six centimes, non, ça fait bien sept vingt-neuf. Il manque six centimes… » Ce que j’ai trouvé bizarre, c’est qu’il m’ait cru sur parole pour les deux timbres en francs, j’aurais pu dire n’importe quoi. (Est-ce que la petite dame de la poste d’ici aurait vérifié ?)
29 juillet 2021