J’ai revu avec un plaisir que je n’avais pas connu les fois précédentes la scène du parc sous la pluie où des bandes de jeunes dansent sur des « rockabillies » en singeant les États-uniens. Je les ai trouvés beaux et me suis dit que cette imitation était meilleure que l’original, que ce simulacre était plus authentique (était même parfaitement authentique), que ces mouvements et ces gesticulations leur seyaient beaucoup mieux (autre mot que « gesticulations » qui a une connotation négative, ou pour le moins péjorative), et c’est sans doute pour cette raison qu’ils les ont adoptés. Ce n’est pas de la simple imitation. Par contre, j’avais parfaitement le souvenir de toutes les scènes consacrées à Ozu, à cette différence près que je n’avais pas noté l’emploi du mot « panoramiquer » qui, en outre, prend une drôle de résonance avec l’image sur laquelle il la dit, la Mitchell au sol, de profil, avec ses deux grandes oreilles à la Mickey (comment dit-on « mousse » en japonais ?). Et puis sa consonance parfaitement japonaise : PA NO RA MI KE... Stupidement, j’ai attendu qu’au coin d’une rue, des écolières soulèvent leur jupe et enfilent leurs chaussettes tirebouchonnées… Le texte off figure en partie dans On Film (à noter le ON japonais, première lecture des kanji). Ici, il est en français. En fait partie la mention à l’épitaphe de la tombe d’Ozu, MU, « le vide, le rien » (« nothingness » dans le texte anglais). « Ancien caractère chinois », précise Wenders. Qu’en dit mon livre ? J’en trouve un qui porte la même idée : ne pas être, la racine étant le feu.

13 février 2004