Je ne suis pas allé au bureau comme prévu. Lever tard, douche, petit déjeuner, une demi-heure de Wenders avec ma première cigarette. La vidéo contre le film. C’est le grand sujet des conversations de la troisième partie. Je ne vois pas bien où est le problème (mais ces discussions ont plus de dix ans et peut-être est-ce pour cette raison qu’elles semblent obsolètes, ou pour le moins dépassées). Il y a le numérique et ses possibilités d’un côté, et la pellicule de l’autre. Chacun a ses avantages et ses inconvénients. L’un choisit le premier, l’autre le second. C’est comme d’opposer le cinéma et la télévision. Ce qui compte, évidemment, c’est la manière dont ce sera utilisé, d’un côté comme de l’autre. Buts différents. Et c’est le créateur qui, au bout du compte, fera la différence. Et puis, si le cinéma en tant que tel disparaît, qu’y pourra-t-on ? Y a-t-il encore des personnes qui vont à Lyon en calèche ? Bref, débat éternel et vain. Quoi qu’il en soit, au fil de la lecture de tous ces textes , je me pose la question de sa réelle qualité en tant que cinéaste. Il se dit, et le répète souvent, « film-maker ». Mais où est le faiseur de film (ou le facteur) depuis une quinzaine d’années, en gros depuis Les ailes du désir qui, en quelque sorte, pourrait être son dernier film, l’ultime film dont il ait été capable, c'est-à-dire l’alliage parfait de la lenteur (le filmage du temps) et de l’histoire ? J’en parle dans une de mes notes. Quant aux deux documentaires que j’ai vus de lui, Buena Vista et Tokyo-Ga, ils ne sont finalement que des documentaires, je veux dire sans marque spécifique. Wenders n’est pas Godard ou Marker. Il n’empêche que j’ai trouvé hier à Mahousse quelques soldes de DVD dont Buena Vista. Je l’ai acheté et je le regarderai à nouveau. Les autres sont Made in USA et Pas de lettre pour le colonel d’Epstein (dont du reste je ne connais rien, mais pour deux euros, n’est-ce pas)...

18 février 2004