Arte, « ouverture » (inauguration plutôt, non ?) de la salle Boulez à Berlin : Berg, un inconnu (solo de clarinette, je ne me souviens plus de son nom) et Boulez pour terminer. J’ai pris Berg en cours, ai coupé le son au début de la clarinette pour poursuivre, avec toujours autant de plaisir, Gargano. De temps à autre, je jetais un œil à l’écran, drôle de salle ronde où le public entoure les musiciens, avec une seule rangée circulaire pour les plus hauts, ils ont l’air d’avoir été punis. J’ai écouté un bout de Sur incises (trois pianos, trois harpes, trois percussionnistes), inconnu, qui me semble, quoique brouillon, un peu plus intéressant que ce que je connais de lui. En début de soirée, j’ai regardé La bataille de Mossoul de Béachehelle. Hier, il était à « On n’est pas couché » ; tout le monde ne tarissait pas d’éloges, même Moix, bizarrement, mais en faisant une petite remarque au sujet de la voix off du film qui est celle de Levy lui-même (il n’a pas osé dire franchement que c’était à chier) : « N’auriez-vous pas pu la confier à truc ou machin ? » Cette remarque m’a un peu étonné car je ne vois pas pourquoi il ne la tiendrait pas en tant qu’auteur. J’ai compris aujourd’hui : on dirait celle d’un vieillard qui annone, ou un enfant qui déchiffre son texte avec la voix chevrotante d'un vieillard. C’est ahurissant. (J’ai pensé à celle de Godard dans Histoire(s) du cinéma ; et je suis sûr que c’est ce qu’il voulait faire, faire la même chose, faire comme lui, reproduire, comme un enfant jaloux ou envieux (« je veux faire comme lui ! ».) Mis à part qu’il s’agit d’un document assez impressionnant, il va au front dans son costume et sa chemise blanche (sales, tout de même, à un moment donné – un costume de ce prix-là ?) et se fait cadrer toutes les cinq minutes. À plusieurs reprises, j’ai douté de l’authenticité de son film. Il est au front, certes, mais ce n’est pas lui qui tient la caméra entre les balles… Quoi qu'il en soit, je préfère Gargano...
6 mars 2017