J'y ai appris une pratique curieuse du milieu. Lorsqu'un écrivain entre dans une maison d'édition, il est tenu par contrat à fournir cinq ou six livres avant d'être libre vis-à-vis d'elle. On comprend que pour beaucoup, c'est une contrainte énorme. Alors, pour déjouer cette clause (qui stipule en outre que l'éditeur n'a pas le droit de refuser plus de deux manuscrits), les auteurs font ce qu'ils appellent des « rossignols » : « C'étaient des manuscrits bidons, impubliables, que les auteurs se refilent pour les envoyer à leurs éditeurs lorsqu'ils veulent s'en délivrer. » C'est ainsi que Rezvani, qui malgré tout se refuse à écrire n'importe quoi (il devait en fournir quatre puisque deux étaient déjà publiés), a écrit, en choisissant le jeu et donc l'humour et le burlesque, quatre livres dont le fameux Coma dont je t'avais parlé avec beaucoup de perplexité. Je comprends mieux maintenant (sur les quatre, deux ont été malgré tout publiés chez Bourgois... il ne dit pas pourquoi)...

12 avril 1990 (dans une lettre à Marcel)