Une fois rentré de chez Wilfried et Romaine, je me suis installé dans le fauteuil du salon pour achever La chambre des morts... J’ai peine à croire qu’un tel texte (est-ce un texte ?) puisse passer la porte d’un éditeur et avoir son aval. Je me suis longtemps posé la question du degré auquel il fallait le prendre ; deuxième, troisième, ou tout simplement premier ? Est-ce de l’humour ou non ? Est-ce un pastiche, une parodie, une farce ? J’ai beaucoup de mal à concevoir qu’une telle accumulation de clichés, de poncifs, de situations et d’images outrées, qu’une telle écriture entre les mauvais feuilletonistes du temps de Zola et l’essai d’un collégien qui n’aurait lu que du Fleuve Noir, puisse se faire avec le plus grand sérieux. C’est d’une invraisemblance totale, les personnages sont affligeants, et ce qui est censé faire horreur, secouer et révulser, agace ou fait rire. Du reste, je n’ai pas ri du tout et je ne sais ce qui m’a poussé à aller jusqu’au bout ; peut-être pour voir jusqu’où ça pouvait aller, ou alors, pour assister à un basculement qui aurait tout remis d’aplomb. C’est du reste ce qui a failli se produire, et j’y ai presque cru au moment où, à quelques pages de la fin, la « démoniaque » lesbienne au « ricanement méphistophélique » pointe son arme sur la gentille flic et tire. Je n’en revenais pas : était-il possible que l’auteur permette à un personnage principal de se faire abattre ? (mais Ferey l’a fait dans Zulu). On passe alors au chapitre suivant : on assiste à un enterrement, l’enterrement d’un flic ; mais ce n’est pas elle, c’est un autre (surgi d’on ne sait où), car le gentil flic amoureux de la gentille flic est arrivé in extremis : c’est lui qui a tiré et c’est la « diabolique » lesbienne écorcheuse de morts (au corps de rêve, au demeurant) qui a été abattue… Le gentil flic et la gentille flic se mettent ensemble, tandis que le dernier méchant qu’on aurait cru sauf se fait rattraper par le destin et pulvériser par la foudre divine. Tout est bien qui finit bien, il y a tout de même une justice ; Mylène m’a appris qu’on en avait fait un film… Elle en a lu un autre de lui qui ne ressemblerait pas à celui-ci (mais ne lui a pas donné envie d’en lire un autre)…

(Le correcteur n’accepte pas qu’un flic soit du sexe féminin…)

 

26 novembre 2013