Je me retrouve avec deux exemplaires du même texte dans deux éditions et deux traductions différentes et je ne sais lequel conserver. Ma préférence irait pour le premier, plus joli, plus agréable, et c’est celui auquel se réfèrent mes notes ; d’un autre côté, l’autre m’attire aussi pour un je ne sais quoi de désuet dans la typo (sans doute celle de la première édition). L’exemplaire que je possède est une édition du Club France Loisirs de 2007, texte précédemment publié chez Gallimard en 1993 ; la traduction est d’Anne Bayard-Sakai (avec la mention « nouvelle traduction »). Celui que j’ai trouvé à Pêle-Mêle est une édition Folio de 1999, texte précédemment publié chez Gallimard en 1963, dans la collection « Du monde entier » (rien ne le précise, mais je le présume) ; le traducteur est G. Renondeau… Une nouvelle traduction a été jugé nécessaire (par qui ?) et il y a tout lieu de penser que la précédente était imparfaite, ou médiocre, quoi qu’il en soit insatisfaisante. Mais comment puis-je en juger ? Mes connaissances en japonais sont loin d’être suffisantes pour que je puisse juger de la qualité d’une traduction ; le seul critère est donc celle du texte français. Voici les premières lignes de la traduction d’Anne Bayard-Sakai :
« 1er janvier. […] Désormais, je noterai dans ce journal tout ce qu’hier encore j’hésitais à lui confier. J’ai préféré jusqu’à présent éviter d’entrer dans les détails de ma vie sexuelle et de notre vie conjugale. Tout cela de crainte que ma femme, lisant ce journal en cachette, ne se mette en colère, mais la nouvelle année aidant, j’ai décidé de ne plus me laisser impressionner. Je suis certain qu’elle sait à quel endroit de mon bureau se trouve ce cahier, dans quel tiroir je le range. »
Voici le même passage par Renondeau :
« 1er janvier. J’ai décidé de noter dorénavant dans ce journal des choses que je n’osais pas lui confier jusqu’ici. Je ne voulais pas parler d’une manière trop précise de mes relations intimes avec ma femme. En effet, j’avais peur que celle-ci ne se fâchât si elle lisait ce journal en cachette, mais à partir de cette année j’ai décidé de ne plus redouter sa colère. Je suis certain qu’elle sait que je glisse ce carnet dans tel tiroir de mon cabinet de travail. »