Quelques notes manuscrites avant le départ. Je suis dans le living dans l’un des lourds fauteuils à oreilles. Dans le jardin ensoleillé (mais il fait très froid), passent un lapin, puis un écureuil, puis un faisan. Le séjour s’achève, je n’en suis pas fâché. Rien de pesant, mais j’en ai déjà parlé, il y a ici quelque chose d’assoupi qui me gêne et auquel le carillon immuable de la pendule participe beaucoup ; sa mère m’en avait parlé, m’avait raconté son histoire et avoué l’aimer beaucoup et se demandait ce qu’il allait devenir après sa mort, je n’ai pas dit que j’espérais qu’il n’entrerait jamais à la maison, encore que le carillon puisse être neutralisé. De la cuisine, me parviennent des bruits de cuisine, justement ; on ne devrait pas tarder à passer à table… Dans la matinée, j’ai achevé Tanizaki. Au jeu des journaux journals croisés (il était important que je fasse ici apparaître le mot barré tel qu’il apparaît dans mon calepin), de la chausse-trappe des mensonges, c’est lui qui perd. Ce pourrait être une sorte de Liaisons dangereuses à la japonaise à cette différence près qu’il n’y a pas de « relations » déclarées (pas clair). C’est d’une certaine manière délicieusement amoral (ou immoral ? un peu des deux sans doute). Cette nuit, j'ai fait un drôle de rêve puissant où je rencontrais une adolescente à la peau halée (Indienne, peut-être). Amour fou partagé. J'ai ouvert les yeux sur Éléonore en train de s’habiller. Je l’ai attirée à moi, l'ai caressée, elle s'est plus ou moins refusée. Je lui ai dit que cela faisait tout de même longtemps. « We’re too old », a-t-elle dit avant de quitter la chambre...

 

28 décembre 2009