J'ai travaillé le reste de la journée au Livre, avec cette bizarrerie, Sappho énigmatiquement disparue du site. J’étais pourtant persuadé, et je le suis toujours, d’en avoir parlé. Alors, j’ai passé en revue les trois dernières années du journal où, fatalement, devait figurer l’arrivée de ce livre qui m’avait été offert par Léo à je ne sais plus quelle occasion, fin d’année sans doute, si j’en juge d’après le petit mot qu’il y a laissé : « 2005. Un joyeux Noël et une heureuse nouvelle année avec ça ».  Il me restait une chance : je viens de remarquer que Sappho s’écrit avec deux « p » et non avec un. J’ai refait une recherche. En vain. Alors, c'est que je l’ai pensé, et en le pensant, j’ai cru l’écrire, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Mais je n’en démords pas : je suis sûr qu’il en existe une trace écrite, une trace où je mettais en confrontation le plaisir d’une érudition, de la lecture de cette érudition et de la flamme qui l’animait, et de l’oubli total de toutes ces pages où Jackie Pigeaud présente Sappho, la dixième Muse. Passion de cette présentation, passion à en prendre connaissance, et, au bout du compte, rien. Je n’en ai strictement rien retenu