Je cherche mes cadeaux de Noël. Ce midi, je suis passé à la librairie de la galerie ; je cherchais un Kadaré pour Éléonore (mais, apparemment, il n’en a pas sorti cette année), suis tombé sur un Saramago, La Lucarne, tout aussi inédit au Portugal qu’en France. En 1953, Saramago en envoie le manuscrit à un éditeur qui le refuse ; trente-six ans plus tard, ledit éditeur retrouve le manuscrit par hasard et propose à Saramago de le publier ; Saramago refuse et s’oppose à son édition de son vivant. À présent qu’il est mort, bien sûr, on le ressort. Je m’étais dit que ce refus était lié à la fierté ou à une sorte de revanche ; en le feuilletant, je remarque qu’il se présente sous la forme classique d’un roman (dialogues à la ligne, par exemple) ; la lecture de la première page me confirme qu’il en a aussi le ton et le style. Je veux bien parier qu’il s’agissait de son tout premier texte, avant qu’il ne crée son style et son ton, et il a dû le juger médiocre ou mauvais et ne voulait pas le voir publié ; un reniement, en somme...

 

11 décembre 2013