Je viens de le terminer et j'avoue que je ne sais qu'en penser. Certains le jugeront scabreux, pervers, voire
ignoble ; d'autres diront qu'il est libre, authentique,
vrai...
Initiation des jeunes filles à l'amour. Lui n'a pas d'âge, est
l'Étranger jamais il ne sera appellé
autrement , s'installe dans un petit village de
pêcheurs espagnol, « séduit » (le terme n'est pas
juste puisqu'il y a une sorte de connivence, de consentement
mutuel spontané) une gamine de douze ans, l'amène à l'aveu de
ses attouchements et au plaisir qu'elle y prend, puis
l'initie ; elle, puis une seconde du même âge ; puis
une jeune fille de passage qui s'installera chez lui et sera le
dernier membre du quatuor au lit...
Mis à part les manifestes mauvais livres du genre (et encore,
comment peut-on vraiment les identifier, les distinguer ?),
je n'ai jamais vraiment su que penser de ce type d'écrit. Ici,
ce qui « sauve », c'est l'extrême simplicité et
sobriété du style et des faits. Tout est simple, clair,
naturel ; sans profession de foi, ni jugement, ni
« position » d'aucune sorte. Tout s'écoule
naturellement, sans heurt, sans obstacle, comme une sorte de
conte de fée « érotique ». Il vient d'on ne sait
où, il s'installe dans un trou perdu, tout le monde l'aime, il a
de l'argent dont il fait profiter tout le monde, il
« fait l'amour » quotidiennement, jusqu'à plus
soif et le plus naturellement du monde (à l'insu du village,
tout de même) à deux fillettes insouciantes et espiègles...
Que dire ? Je ne saisis pas bien l'intérêt ou
la portée de ce type d'écrit (à la différence de Lolita,
par exemple). Je ne sais pas bien non plus où je me situe
par rapport à ce type d'écrit, dans quelle mesure je suis
voyeur ou pas, comment il faut le prendre, le lire, le regarder.
Y a-t-il, par exemple, un plaisir à lire cela ? Non, pas de réel plaisir. Pas un plaisir de
lecture, en tout cas. Il y a de la curiosité qui, malgré tout
certainement à cause du style (ou du non-style), en
tout cas, de la manière , reste présent jusqu'au
bout (ainsi il n'y a pas vraiment voyeurisme puisque bon nombre
de ce type de livres comment les
nommer ? me sont tombés des mains, et je pense
par exemple à Opus pistorum (?) de Miller, que
j'ai refermé à la cinquantième page, tellement il me faisait
chier, m'horripilait, m'exaspérait)...