Journée grise.

Je vais chez ma mère.

Ma situation financière est plus que préoccupante.
Comment vais-je faire ?

 

 

Je lis avec grand intérêt et plaisir Puccini de Peter Southwell-Sander.
(Il Tabarro dans les oreilles, très pauvre, mais dont le thème est magnifique et certains passages de la second partie sans quelque éclat...)

Suor Angelica, d'une platitude infinie, qui est bien de l'illustration musicale : sans l'histoire, et sans l'appoint visuel, qui ailleurs est superfétatoire, elle est sans le moindre intérêt...

(Lucca, Schnittke, Puccini : comme troisième couche (strate) dans ma tête, Journals navigue...

 

 

Grisaille. Pluie.

Je ne suis pas allé au travail.
Suis allé voir mon médecin
qui m'a prescrit une semaine d'arrêt...

 

 

« Satie est fou, » dit Roman
alors que je lui joue un extrait des Avant-dernières pensées...

(Frédérick qui va être père.
C'est à n'y pas croire !
– qu'ont-ils donc tous ?)

 

 

3 h 00 du matin.
Onzième cigarette.
Je me surprends à retrouver
mes vieilles habitudes, mes vieux tics...

 

English pub, Bruxelles, copie quasi parfaite de ceux de là-bas. Lourdes boiseries, tapisseries sombres, ambiance feutrée, quoiqu'il y ait un écran géant qui diffuse je ne sais quoi. Allons nous installer à l'opposé, dans un coin (table avec quatre petits sièges club, extrêmement agréables et confortables) d'où nous n'avons pas la moindre vue sur l'extérieur. C'est très étrange. Impression de chambre sourde, de capiton... L'endroit est presque exclusivement fréquenté par des Anglais. Je dirai à Susan que si je devais vivre dans un pays étranger, jamais je ne fréquenterais un lieu spécialement conçu pour les gens de ma nationalité et je pense à ce que disait Rosie au sujet des Anglais de Lille qui ne se fréquentaient qu'entre eux, écartant tout contact avec les Français. Recréation de leur territoire en réduction. Je détesterai toujours ce type de comportement (mais semblable à celui des émigrés polonais d'avant-guerre – dont je suis issu – qui ne vivaient qu'entre eux, avaient leurs commerces, leurs cafés, leur église, leur journal ; ce qui explique que la majorité d'entre eux, dont mes grands-parents, mourront et seront inhumés dans un pays étranger au leur sans connaître plus de cinq mots de la langue !). Les serveurs sont habitués et ont dû être recrutés dans ce sens. Et on en arrive à cette aberration : un couple d'une soixante d'années s'installe à la table voisine de la nôtre. Le serveur s'approche, leur parle en anglais. Le type, un peu interloqué (Susan dira qu'il a été un peu sec ; moi, je ne le pense pas), lui demande, en français, avec un accent flamand, pourquoi il lui a parlé en anglais. Je n'ai pas perçu la réponse du serveur, mais l'ai entendu dire qu'il parlait aussi allemand, espagnol. « Mais pas néerlandais, » dit le type. « Non, désolé, » répond le serveur. C'est dire que deux Belges sont l'un en face de l'autre ; le premier, flamand, entre dans un café à Bruxelles, ville bilingue, résolument française (wallonne ?) et située sur le territoire flamand du pays ; le second, wallon, parle systématiquement anglais parce que le lieu où il travaille est fréquenté par des Anglais. Tous deux sont belges, sont chez eux, vivent dans le même pays, mais le second est incapable de communiquer avec le premier, et c'est le Flamand (qui, d'une certaine manière, est davantage chez lui que le Wallon puisque nous sommes en territoire flamand) qui parle le français, non le wallon à qui l'on a tout enseigné sauf l'autre langue de son pays. Si le Flamand n'avait pas su (ou pas voulu employer, ce pour des raisons que je peux très bien comprendre) un minimum de français (ce qui est quasi général chez les Flamands alors qu'aucun Wallon ne connaît le flamand !), tous deux, du même pays, auraient dû avoir recours à une troisième langue étrangère à la leur. C'est pitoyable...

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