Braderie... J'ai réussi à rapporter une quinzaine de livres,
dont quelques uns très beaux. À détailler...
À noter : le temps superbe, estival ; Wanda qui, alors que nous mangions, descend la rue Basse d'un pas alerte et décidé, qui salue Susan et m'ignore complètement ; les deux étals solitaires dans la rue Doudin hors-circuit et complètement déserte ; mon plaisir à parcourir les rues de Lille qui me séduisent toujours autant ; la dame affable qui sert du café dans la cour d'une magnifique maison rue d'Angleterre (à vendre, 300 unités au bas mot) ; le jeune homme aux cheveux longs, genre violoniste à la mode, qui passe et repasse rue d'Angleterre avec deux cannes de golf sous le bras ; toutes les jolies filles qui ont la faveur de mes regards, le tout premier allant évidemment à une douce vêtue de sa robe d'Orange, celle qui me plaît tant, et qui ce jour était plus belle que jamais...

 

60 jours en prison, achevé hier... La Libération, l'épuration et leur lot de saloperies : délation, trahison, fuite, lâcheté, cruauté et, plus que tout, la bêtise. Guitry, comme des milliers de ses semblables, dont nombre de personnalités, de personnes en vue, est arrêté. Arbitrairement et sans motif aucun (et à ce titre, ce qu'il en relate est édifiant !). On connaît cette période délicieuse où le cœur du Français, dans le plus fort de son âme, a éclaté dans toute sa splendeur : fourberie, fellonie, mesquinerie et petitesse ; et encore et toujours une effroyable bêtise. On dit que la France est le seul pays dans toute l'Histoire à avoir serré la main à un envahisseur, gardant l'autre pour abattre son semblable. Collaboratrice, donc. Puis, le vent tournant, vindicatrice. On connaît les femmes tondues, dénudées, marquées à la cigarette, puis la danse des crachats, et celle de l'humiliation, enfin celle de l'incarcération. Dont celle de Guitry. Dont le tort est d'être une figure de Paris. On va le lui faire payer. Des ânes contre un esprit. Il en sera marqué pour le reste de sa vie... C'est le journal de son arrestation, puis de ses deux mois en prison, soit largement le temps pour lui de se faire une nouvelle opinion sur le monde, dont celui proche des amis qui fuient, se faufilent, abandonnent, voire, carrément, dénoncent...

 

Réunion au sommet, Gabriel et moi :
quel est l'avenir du Lys ?

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