Pluie fine toute la journée.
Je me suis enfin décidé à acheter un parapluie.
Il était temps...
Du coup, les intempéries me semblent presque souhaitables.

 

Ai survolé quelques pages d'À l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust. C'est assez captivant. Mais il y a la fatigue et la mélancolie et j'ai beaucoup de mal à les surpasser, à les dominer. Dommage...

 

(Accrochage ce matin avec une conductrice malhabile.
J'en suis pour ma poche.)

 

Coup de fil de J*** : la rentrée du grec est reportée à la semaine prochaine à cause du nouveau venu, S***, qui pratique un art martial. Quel est donc ce type ?
Je ne vois pas d'un très bon œil l'arrivée dans notre cercle de cet inconnu qui allie le sport à la pensée. C'est suspect...

 

14 h 15. CRAM.
Quatre cigarettes dont deux fumées ce midi en compagnie de Francko au Mondrian.
Le Mondrian parce que je voulais éviter le Bavarois où je n'ai pas mis les pieds depuis plus d'un an, l'éviter parce que je ne voulais pas y rencontrer ***, l'inconnu, que je n'ai pas revu depuis. Ne pas le rencontrer, ne pas le revoir. Je n'ai rien contre lui, mais une routine commençait à s'installer et, d'une certaine manière, une obligation, pour lui comme pour moi, l'obligation de nous y rencontrer alors que peut-être nous n'en avions pas envie, ou aurions pu, à certains moments, n'en avoir pas envie. Je crois le cerner suffisamment, cerner son personnage, pour affirmer qu'il partagerait tout à fait ce point de vue...
(Et comme un fait exprès, il est entré au Mondrian où nous étions – le Mondrian, endroit énigmatique et sordide, où je ne mets jamais les pieds. Il est entré, j'ai détourné le regard et aussitôt après, l'ai vu sortir et s'éloigner. Sans doute m'avait-il vu attablé.)

 

Londres : Maurice Thiéry. Nathan, sans copyright, ni achevé (mais un cachet en page de garde indique : Ville de Ronchin, récompense offerte par la municipalité, les amicales laïques, la caisse des écoles. Année scolaire 1953-1954). Illustrations (photographies bleutées, très belles) de Delécluse... Je m'étais promis de le lire, la joliesse de l'ouvrage m'y encourageait. Mais au bout de quelques pages d'une prose se voulant vivante par l'utilisation du direct, du romanesque, et n'aboutissant en définitive qu'à la somnolence, j'ai renoncé. Je le range néanmoins dans la bibliothèque idoine : celle des voyages...

 

Ciel lourd, pluie.

 

Petite excursion, incursion en Belgique avec F***. Ypres, Watou où nous avons pris une tartine (auberge sympathique et pittoresque, bien flamande et rustique), puis St Idelsbald, puis Ostende où nous avons rencontré Ensor. Retour vers le soir. Repas chez lui. Je rentre tard mais parviens à faire un peu de latin...

 

Il est 14 h 00, je viens d'allumer ma troisième cigarette. Sourire de satisfaction : malgré tout, je ne suis pas complètement retombé, et avec cette pensée, celle de me dire : je n'ai pas très envie de fumer... Peut-être est-ce lié au coup de fil que j'ai passé à Annie ce matin : Bernard est rentré chez eux jusqu'au 4 novembre, date à laquelle il retournera à l'hôpital pour de la chimio. Elle me dit qu'il va mieux, qu'il a meilleure mine bien qu'il ne mange pas : tout ce qu'il ingurgite est rejeté par l'organisme. D'après le médecin traitant, c'est l'œsophage qui est désormais atteint. Il n'y aurait plus d'espoir, le cancer ne va faire qu'évoluer, se répandre dans tout son corps. C'est incurable. Nous nous disons que l'on verra, on ne sait jamais, mais nous pensons tous deux que c'est fini...

 

Un peu de soleil, un peu de pluie...

Je suis énervé, fatigué.
Mes problèmes de mains resurgissent...

 

Écouter Verdi après une succession de Puccini (mais un seul suffit aussi bien) ne pouvait que me tirer un sourire. Surtout ce Stiffelio rossinien qui me fait en outre penser que la musique de Verdi serait peut-être une musique de « tante » (dans le sens proustien – donc balzacien – du terme).
(Le
XIXe n'est décidément qu'un vaste marécage...) Niaiserie totale des chœurs d'hommes et des variations de cuivres, trompette en tête...

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