Temps tout aussi maussade...
Ce midi, mariage de F*** et d'A***.
Lettre de S***. Qui a assisté à la conférence jeudi. Je ne l'avais pas vue... Je l'ai appelée pour la remercier. Elle me félicite. Me pousse à pratiquer. Elle a été impressionnée par le texte. Me propose un repas autour duquel nous ne parlerions qu'anglais. Très bonne idée...
Hier, j'avais souhaité la pluie. Ce ne fut pas la pluie, mais tout de même une journée assez maussade, avec de temps à autre quelques pointes de soleil histoire d'égayer la véranda où les grappes commencent à se charger de grains. Ce qui m'étonne car je ne me souviens pas qu'en juin l'année dernière il y ait déjà eu des grappes achevées.
Je ne sais pas si le temps a eu un rôle quelconque sur mon état d'esprit, mais toujours est-il que j'ai bien « travaillé » toute cette après-midi. La troisième partie du plan peut se considérer comme achevée. Je l'ai relue en fin d'après-midi et je peux affirmer que je suis assez satisfait. Et dirais-je même assez content. J'ai l'impression qu'enfin se dessine quelque chose. Que le doute se dissipe. Et avec lui la crainte.
Exposition à Cambrai, au Marché Couvert : installation sonore de Jan Kopp. Le Marché Couvert, près de la Grand'Place, est une volumineuse structure en béton, années soixante sans doute, à laquelle il ne manquerait qu'un campanile pour en faire une église « moderne ». Il n'empêche : c'est pas mal. Le marché y bat son plein ; grande animation. S'y trouve un tapis roulant sur lequel les invités sont invités à se déplacer. Des HP diffusent une bande sonore enregistrée dans un (ou plusieurs ?) aéroport(s). Sous le tapis sont cachés divers commutateurs qui, sous la pression, déclenchent chacun un son différent. Les pas ajoutent à la bande sonore une seconde composition (dans son sens le plus strict). Éphémère, inédite, aléatoire. C'est du moins ce que l'on nous a raconté, car nous sommes arrivés en retard et ne restaient de la prestation que la bande originale, les cageots et les stands en cours de rangement et des bouteilles vides. Mais dans ce cas l'histoire vaut largement l'expérience : c'est intéressant, et certainement amusant, mais... Voilà qui peut encore soulever une grande perplexité chez ceux qui désespérément cherchent un sens à ce qui est donné (et nommé) comme art depuis que remplir une toile de couleurs passe pour de la ringardise préhistorique. Moi, je ne donne pas et ne nomme pas. Et ça ne me rend pas perplexe, car je me fiche bien que ça en soit ou non. Je joue le jeu de l'indulgence et du status quo et réserve mes émois et l'insaisissable du vertige à mes cellules secrètes, celles qui, par exemple, sont restées en arrêt et en complet affolement face à la toile de Robert (Cocquempot) qui figure dans le séjour de chez Patricia et Hervé à Phalempin : une grande toile et un visage la couvrant toute ; un visage aux yeux grands ouverts sur une frayeur et une extase tout à la fois. Deux yeux globuleux dans une face à la chair ronde, un peu avachie, relâchée... J'aurais peut-être pris du plaisir à déambuler sur ce tapis en déclenchant des sons à l'imitation d'autres qui à ce moment auraient été comme des frères, frères de son, mais ce plaisir serait resté au simple stade de l'anecdote, à la fois individuelle et collective (comme au cirque ou sur un manège). Tandis que ce regard solitaire sur une toile peint, rencontrant le mien et en ne provoquant aucun plaisir (hormis celui diffus et à retardement de la contemplation), est du domaine de l'illumination : celle qui fait que depuis je ne suis plus tout à fait comme avant...
Il n'empêche que j'ai découvert des choses intéressantes en compulsant le catalogue de Kopp. Mais des choses qui me laissent perplexe : il y a bien un regard sur l'homme et sur le monde, mais ce regard pourrait tout aussi bien être celui de l'urbaniste, de l'architecte, de l'anthropologue, du sociologue, voire de l'entomologiste. Regard de malice et de pertinence, parfois d'acuité et d'intelligence. Mais pas celui de cœur et d'émoi... (Le concept trouble et déconcerte, car il est un accessoire et non un outil...)
Voilà. C'est terminé. Achevé. J'ai donné mes quatre représentations et tout s'est très bien passé. Fin de ma carrière d' « acteur »...
Elle n'est pas venue. Je la déteste...
Ce midi, au marché, je tombe sur
elle.
Cette rencontre m'a complètement affligé...