Ostende... avec Patrick. La mer, et le reste. Dont une bière sur la jetée. Lourd, sans que cela fasse un beau temps. Je lui ai parlé d'Ensor, de la maison du même. Il a exprimé l'envie, ou du moins le désir, de la visiter. Ce qui m'a permis de la revoir. Puis, ce soir, de revoir le documentaire Je suis fou, je suis sot,... J'aime de plus en plus Ensor (attirance à laquelle la terre belge n'est pas tout à fait étrangère, quelle soit flamande ou non – au fait, à quand l'apprentissage du flamand que je me promets d'entamer depuis tant d'années ?). Je me demande ce qu'un type comme Patrick peut penser d'un type comme Ensor...
Je ne suis plus sûr de vraiment aimer Ostende.

 

Cours latin/grec chez Francko sans Sébastien. Francko a installé la table, les chaises et le meuble que je lui ai donnés la semaine dernière. C'est autour de la table que nous avons fait le cours. De nouveau, ce sentiment de dépossession qui m'a envahi et contre lequel je ne puis rien. Qu'est-ce que tout cela signifie ? Je me fiche bien de tous ces meubles. Alors, pourquoi cette réaction au fond de moi ?

 

 

Temps maussade, grisaille, pluie, froid...

 Elle est perdue.
Je suis infiniment triste...

 

 

Anne m'a fait un très beau cadeau : le fac-similé de Topographie anecdotée du hasard de Spoerri. Je suis en rage. J'aurais aimé faire ce livre, descriptif et historique minutieux de chaque objet présent sur une table le 17 octobre 1961 à 15 h 47. Avec plan à l'appui. Et j'ai pensé à ce fameux index dont j'avais eu l'idée à Billy il y a sept ou huit ans et que je n'ai pas eu le courage d'entamer : celui de tous les noms propres présents dans la maison, habitants silencieux d'un univers parfaitement clos, habitants d'un nouveau monde circonscrit aux limites des murs de la maison : le Monde à Billy. Livres, revues, dictionnaires, prospectus, boîtes etc. : tous les noms ! J'ai renoncé face à la démesure de l'entreprise et je me suis contenté des revues et des livres seulement. J'ai aujourd'hui un an et demi de retard.

 

Il était 18 h 15 lorsque nous sommes arrivés au 35 de la rue l'Abbé Lemire à Roncq. Il n'était pas nécessaire de chercher le numéro : elle était là comme repère au bord du trottoir. Superbe. Nous sommes entrés. Avons bu un jus de banane. Petite maison au milieu d'un alignement d'autres. Convivialité assurée : on entend bien les voisins discuter. Le type est encore plus nerveux que d'habitude. L'ayant vu fumer sur le pas de la porte avec l'air d'un lycéen caché dans les toilettes, je lui demande l'autorisation d'un rouler une. Comme je m'y attendais, il me dit que l'on ne fume pas à l'intérieur à cause du bébé, le même sans doute que l'on entend brailler à l'étage. Mais il ne se passe pas dix secondes avant qu'il ne sorte une cigarette. « Oh, c'est pas pour une. Allez-y. » Il allume la sienne, j'achève de rouler la mienne. « Je suis un gros fumeur. » Il dit cela avec une espèce de petite fierté que la mention du cancer, amorce d'une conversation comme une autre, n'affecte en rien. « C'est pas parce qu'on fume beaucoup qu'on attrape le cancer. » Il doit bénir chaque jour la marge d'incertitude des statistiques. « Et puis on va pas se priver d'un petit plaisir, hein ! » Nous opinons en silence, et je me demande où est le plaisir dans les tremblements qui le secouent lorsqu'il porte sa cigarette à sa bouche et l'allume. Puis il me présente le contrôle technique. Je jette un œil sur la carte grise que je vois pour la première fois. Lui remets le chèque. Il me remet les papiers, le certificat de vente, les clefs. Voilà. Elle est à moi...

 

Le seul avantage du portable :
l'ouverture au mensonge...

 

Vu, inscrit sur le pare-brise arrière d'une 204 complètement déglinguée : « Ce véhicule ne m'a pas été prêté ; je l'ai payé avec mes sous, et je vous emmerde ! »


 

« Il me faudrait aussi des timbres à 3, 00 F.
– Des ordinaires ou des beaux ?
– Des beaux ! »
J'aime bien dire «
 des beaux timbres », et j'ai remarqué que les employés sont toujours d'une amabilité et d'une patience exemplaires lorsque je m'attarde sur les différents modèles de beaux timbres...

 

 

9 h 00. Soleil.

Et détresse...

 

 

10 h 00. Soleil.

Et tristesse...

 

 

Tout à l'heure, j'ai repensé à cet abruti de réalisateur de FR3 qui lors de la sortie en bateau pour la visite (visitation) à Marie m'avait abordé et si gentiment loué et si complaisamment laissé entendre qu'une collaboration ne serait pas inimaginable.

 

 

8 h 00. Soleil... Ai terminé la confection de la maquette pour ***. Soirée passée chez O*** et A***. Je leur ai fait écouter mon « hymne yougoslave »...

 

Vu sur une boîte d'allumettes belge, LUCIFER pour allumettes, en néerlandais. J'y voyais bien LUX, LUCIS, mais FER... peut-être PHORE, porter... Après vérification dans le dictionnaire : LUCIFER : qui apporte la lumière, qui met au monde ! Le démon de ce nom est donc celui qui apporte la lumière, qui met au monde. Mais, autre sens (déclinaison différente LUCIFER, FERI, le premier se déclinant en FERA, FERUM) : l'étoile du matin, la planète Vénus quand elle se montre à l'Orient...

 

Toutes ses tentatives ont échoué. Puis il a été le temps pour moi de partir. Elle m'a demandé s'il n'y avait pas la plus petite possibilité que je reste encore. J'ai dit non, alors que je lui avais déclaré la fois précédente que j'étais extrêmement libre de mon temps. Puis elle m'a demandé à quelle heure je sortais. J'ai dit que je ne savais pas. À 17 h 30, sans doute. Puis si je prenais le métro, le train... Elle m'a raccompagné jusqu'au carrefour boulevard V***. J'ai pris bien soin de laisser pendre ma veste sur l'épaule droite, qui cachait ainsi entièrement mon bras, ce au cas où il lui aurait pris l'envie de me toucher ou de me prendre la main. Puis je l'ai plantée là. Une fois, par acquis de conscience, ou par compassion simplement, je me suis retourné : elle n'y était plus... Au soir, je suis sorti par derrière et ai pris le métro à la station précédente...