Dimanche, aux puces de Roncq, nous voyons une Mercedes magnifique à vendre : 280 SE, 1973. La dame me renvoie à son mari que j'ai eu au bout du fil hier : elle provient d'un héritage ; aurait appartenu à un coiffeur aisé qui avait son mécanicien personnel. À croire mon interlocuteur qui ne l'a conduite qu'une seule fois, elle est en bon état mécanique. Nous la voyons demain... 16 CV, boîte automatique. J'hésite. J'en ai parlé hier à F*** qui m'a tout de suite dit : « La 280 SE est une voiture magnifique. Prends-la !... » Que vais-je faire ?...
Cette journée sera longue...
J'ai de plus en plus peur de vendredi. Sans cesse, j'imagine le premier regard que je vais poser sur elle, et la réaction qui va en découler. Je suis persuadé de n'être plus le même avec elle, ce qui me désole car je vais y perdre en assurance et en légèreté.
PRAHA !
8 h 30... Pluie toute la nuit, et
il pleut encore.
C'est désespérant... Je suis à l'exact unisson du temps.
Elle me manque et j'ai peur...
Avant-hier, je suis passé chez Jean-Pascal voir le futur piano de Roman, un Gaveau daté du 3 mai 1898. Un siècle juste ! État magnifique. Du coup, j'ai testé la majorité de ses pianos, tous superbes, qui me font me demander s'il ne serait pas temps de changer le mien dont le clavier me gêne de plus en plus. Trop dur !...
Grisaille encore et toujours. Ça n'en finira donc jamais !... Je travaille un peu le piano. Cette après-midi, W*** passe pour [...]...
Tristesse infinie...
(Des insectes malfaisants ont envahi le plafond du jardin d'hiver ! Que va-t-il donc encore m'arriver dans cet appartement ?)
PRAHA !!!
10 h 00. Grisaille, j'en ai assez...
À quoi vais-je donc occuper ma journée ?
Après-midi passée à mes pièces pour
piano en vue du projet.
Soirée partagée entre S*** et J***-S*** chez qui je suis allé chercher
du Bourgogne, et N*** chez qui j'ai fait une partie d'échecs...
Le fait de reporter la rédaction d'un jour à l'autre revient tout de même assez souvent. J'ai dit, il y a de cela quelque temps, que je trouvais ça regrettable, et même, si je m'en souviens bien, « pas sérieux ». Mais, à bien y réfléchir, il n'y a rien là que de très normal : comment espérer et croire en une parfaite régularité ?, régularité qui serait un rien étonnante, intrigante car cela voudrait dire que chaque jour à une heure sensiblement identique, je me trouve au même endroit à effectuer la même tâche. Donc répétition immuable d'une même fonction que rien ne viendrait bouleverser, enrayer. D'où une certaine routine ; de là, une ankylose, un épuisement, une stagnation... En bref, il est certainement bon que de temps en temps certains événements (comme une visite) viennent perturber, secouer un peu le déroulement de cette marche mécanique...
Je ne reviendrai pas sur la fatigue qui est en partie responsable du malaise. Je ne parlerai pas de la migraine qui n'était jamais qu'une migraine (quoique, en cherchant bien, on pourrait trouver son origine dans le copieux et excellent repas que je me suis payé avec deux, trois collègues ce midi, dans un petit lieu très sympathique de la banlieue de Lille, nommé Le petit bonheur, et qui sert, outre un très correct feuilleté de foies de volaille et des succulentes côtes d'agneau à je ne sais plus quelle sauce, et un Bourgueil 1987 arrogant, sert donc une admirable vieille prune qui nous a incités à prolonger la chose, à nous transporter ailleurs boire un peu de bière et à nous faire rentrer à cinq heures, juste le temps pour moi de sauter dans le train et de revenir à la maison où, vers dix-neuf heures, la migraine susdite a commencé à s'installer pour ne plus me quitter de la soirée...)
11 h 00. CRAM. Soleil. De nouveau
mon bureau d'entresol
après cinq jours d'escapade, Lille-Praha-Lille. De multiples notes à
développer...
8 h 00. Pluie et grisaille. C'est à désespérer... Ai passé la journée à la confection des nouveaux cartons pour la conférence... Énième lecture ce soir devant D***, W***, O*** et R***. R*** qui m'a déstabilisé (volontairement, comme à l'accoutumée), ce qui a fait que ma « prestation » a été lamentable. Je suis retombé à zéro... Je crains le pire pour mercredi. V*** saura-t-elle me stimuler ?...
J'ai appris aujourd'hui qu'en Belgique, près de Bruxelles, était organisé chaque année un concours qui visait à élire la fille qui, d'une manière ou d'une autre (par le jeu, par le physique, par la voix...), se rapprochait le plus de Marylin. Celle en fait qui était la plus Marylin... J'ai su en outre que les heureuses élues étaient appelées les Miss Frites.
Le numéro de plaque de la
Mercedes : 4856 GP 59. C'est le GP qui est important. Nous cherchions, S*** et
moi, ce que nous pourrions en tirer comme signe. J'ai trouvé : GP, c'est
Giaccomo Puccini...
C'est tout à fait la voiture indiquée pour nous rendre à
Lucca en septembre...