Midi. Grisaille. Gueule de bois.
Elle n'était pas là. Mais A***, si...

 

Rêve avec l'une des deux,
je ne sais plus laquelle...

 

Je passe dans l'après-midi chez F***
pour les photos. J'espère que ça marchera !...

 

Six heures passées chez F*** avec F*** pour l'impression du ***.
Nous avons été fêter ça au *** en Belgique... Demain, je reprends le boulot...

 

Rédaction de la semaine, et pour le reste du jour, doute, peur et colère sur le plan SdeF qui m'échappe totalement. Je ne sais plus quoi en penser, j'ai bien envie de tout laisser tomber et de passer à autre chose ; je me demande si je ne fais pas une erreur en voulant reprendre tout cela. En un mot, je suis désemparé... D'écrire la lettre, datée du même jour et à insérer dans le journal puisque je considère qu'elle en fait partie, m'a un peu remonté le moral. Merci Prousty.

 

 

Clara veut la lune. Je l'ai écoutée plusieurs fois dans la voiture tout à l'heure, en l'accompagnant. Puis J'entends tout, qui décidément est une admirable chanson. Je tire un plaisir immense à entendre et à accompagner ces chansons ; surtout en voiture, et à faible allure (je constate depuis peu que l'habitacle d'une voiture est un lieu magnifique pour ce type d'écoute). Ce Chamfort-là correspond exactement à mon état d'esprit et à mon état d'âme actuels, mais aussi, en ordre général à mes petites panoplies intérieures coutumières qui, depuis dix jours, sont intégralement déballées...

 

 

Nous sommes sur la route du retour. Deuxième arrêt près de Liège, dans un restoroute infect. Je vais aux toilettes. Étages et escaliers à n'en plus finir, parmi une cohue de touristes colorés et bruyants. Il faut payer ; je rebrousse chemin jusqu'à notre table pour prendre de la monnaie. V*** s'apprête à s'y rendre aussi, et nous faisons le chemin ensemble, les étages et les escaliers durant lesquels je ne trouve pas le moindre mot à lui dire. Un mot ou deux, une plaisanterie, n'importe quoi, n'importe quelle banalité ; mais rien, je n'y parviens pas. Non à cause d'un quelconque trouble qui, je le rappelle, n'existe pas à ce moment-là, mais bien à cause de mon incapacité à trouver les mots simples dans une situation donnée (toujours la crainte stupide de paraître banal, alors que, dans ces cas-là, la banalité est le seul départ possible pour un échange, fût-il lui-même banal). C'est comme ça que je m'aperçois que durant le séjour, je ne lui ai pratiquement pas parlé ; alors que j'en ai eu mille fois l'occasion. Lui parler, lui poser des questions, sur elle, sur tout. Essayer de la connaître...

 

8 h 00 : grisaille et tristesse. Reprise du boulot.

Après-midi : énième répétition *** avec O***.
Ça s'améliore... La date approche et je ne me sens pas
plus énervé que cela. Mais gare au jour dit...

 

Ai reçu aujourd'hui la proclamation officielle du divorce. Je cherche en vain au fond de moi un quelconque effet, une quelconque émotion.
Je ne trouve qu'un goût de gâchis. Tout cela est bien misérable.

 

V*** ajoutée à L*** me conforte dans l'idée que mon existence n'est qu'un monstrueux ratage...

 

 

24 mai. C'est la date à laquelle je me suis arrêté aujourd'hui.
Le 24 mai, à peine remis de ma mésaventure au théâtre, je dresse de nouveaux plans pour sa conquête... Je frappe, je remonte le temps. Je ne découvre rien car je n'ai rien oublié, car tous les mots et les faits sont encore présents dans mon esprit, mais je suis effaré, consterné par la qualité du ton, du style, de la formulation. Je n'en reviens pas. Je m'étais déjà fait cette réflexion lors qu'une relecture précédente, avais déjà noté avec étonnement la manière éminemment première de cette écriture, fortement scolaire, ou du moins propre à un esprit scolaire, soit adolescente, voire enfantine. Pas moments, j'en ai ressenti de la honte, notamment aux réflexions liées à l'« amour » entre elle et G*** : plus qu'enfantin, c'est infantile, et fallait-il que je sois perturbé au plus haut degré pour en arriver à une telle analyse de la situation. Et comme tous ces mots ont un drôle d'accent, étrange vocabulaire au goût précieux et vieillot ! Mais comme je l'ai déjà souligné, si je suis stupéfait et agacé, je suis aussi ravi – et dans une certaine mesure soulagé – car je constate qu'il s'agit là, avec le recul, d'un gage indéniable d'authenticité : il fallait rapporter coûte que coûte sans d'autre souci que d'être fidèle à mes impressions, mes sentiments, mes émois : en aucune façon, la littérature – et peut-être même l'écriture – n'y a de part, et c'est l'homme qui vit qui écrivait et non celui qui écrit (mais aujourd'hui que je constate cette chose, qui suis-je ? car si je suis, à un an de distance, amené à me faire cette réflexion, c'est que mon regard n'est plus le même, c'est qu'il a changé, et quel caractère revêt aujourd'hui ce que j'écris, ce que je pense être le reflet, la transcription d'un même état, d'un sentiment identique ?).

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