Vendredi passé sur une traduction
technique : cribleuse à grande mobilité par couplage d'une 5e roue...
Le bonheur !
Au soir, invitation chez D*** avec qui Susan travaille. Théâtre en appartement.
Proposé par le Théâtre du Nord. À l'image de la pièce de Stoppard, faire vivre
un personnage mentionné dans une pièce sans qu'il n'y soit jamais vu.
Donner corps à l'Arlésienne en quelque sorte.
C'est le cas pour trois personnages d'une pièce actuellement à l'affiche. Trois
auteurs ont écrit un monologue s'y rapportant. C'est l'un de ces monologues que
nous avons entendu, quarante personnes regroupées dans la petite maison :
Martin, atteint du sida. Ç'a duré une quarantaine de minutes...
Personne que nous ne connaissions. Mais, ô surprise, nous y rencontrons Claire
et Baudouin, les lutins aux pouvoirs d'apparition et de disparition qui jusque
dans les cercles plus intimes parviennent à se glisser. Comme à l'accoutumée,
nous nous faisons des sourires de connivence, échangeons quelques paroles de
circonstance ; mais sans que nous nous rapprochions. Peut-être en sera-t-il
toujours ainsi : le croisement des lutins dans les vernissages et les soirées
qui jamais ne feront connaissance, se contentant comme signes d'amitié et de
reconnaissance de regards amusés et de sourires entendus...
En partant, nous les suivions dans l'allée menant à nos voitures. Ils se
tenaient par la main. Lui a une soixantaine d'années, elle la quarantaine. Ils
ont l'air très heureux ensemble. Ces mains qui se tenaient avaient quelque chose
d'extrêmement réconfortant dans la douceur de cette première nuit de mai...
Tarot chez Thierry.
J'ai encore gagné : bonne journée...
9 h 00. Je tire les volets :
le temps est tout aussi exécrable que les autres jours...
À 10 h 00, Y*** devrait arriver.
À midi, nouvelle répétition chez O***.
À 14 h 00, je vois F*** et A*** au ***.
Ce soir, réunion « anciens
combattants » avec A*** et M***.
Pourquoi ai-je accepté ? (Mais il y aura F*** et A***.)
Providence, de Resnais. J'ai dû le voir cinq ou six fois et je n'étais pas loin de penser qu'il s'agissait d'un des plus grands films que je connaissais. Je ne sais pourquoi, mais cette énième vision m'a fait une tout autre impression. Je l'ai regardé et vu complètement différemment, et je me suis un peu étonné de sa structure finalement très cohérente et lisible, alors que les précédentes fois j'avais admiré son démontage, son aspect de déroute et de confusion. D'une certaine manière, je pourrais dire que je n'avais pas tout saisi et que c'était une des raisons pour lesquelles je l'aimais. En un sens, le mystère est tombé et je le regrette un peu... Il n'empêche que c'est remarquable. Admirable réflexion sur la création. Gielgud est majestueux, Bogarde splendide (acteur sublime dont on ne parle pas).
Une partie de la nuit passée avec F*** à qui je fais écouter des extraits du ***...
11 h 00... Un peu de soleil, mais
il fait humide et un peu froid.
À midi, O*** passe pour une énième répétition.
Dans l'après-midi, nous irons voir l'exposition de P*** au fort de Mons...
J'ai une légère gueule de bois. Pas
bien. Je pense sans cesse à elle.
Aujourd'hui, elle est partie pour B***. Je suis inquiet.
O*** est passé. Nous ne sommes pas
allés voir P***. Je suis las, dépité, aigre, tourmenté. J'ai passé une partie de
la journée à rattraper le retard de mon fichier. Impossible de faire quoi que ce
soit d'autre. En même temps, j'ai écouté ***.
Ça ne m'a pas ragaillardi pour autant...
Journée déplorable. Je m'enfonce
tout doucement.
Elle est perdue... Pas même le courage de faire le latin...
Remarquable émission sur Diaghilev. Diaghilev, les ballets russes, Nijinsky, Balanchine et consorts, sans oublier évidemment Strawinsky... Un moment superbe et rare, j'en suis resté comme deux ronds de flan : une chorégraphie de Nijinsky sur L'Après-midi d'un faune. Puis : chorégraphie de Njinska sur les Noces. Le tout datant des années 10 et reconstitué pour l'occasion. Et à ce propos : à partir de quoi peut-on reconstituer une chorégraphie originale datant de plus de 70 ans ? Croquis, dessins ? ou y aurait-il des traces sous forme de films ou de photos ? Mystère...
De la différence entre « site » et
« lieu »
(site remplaçant de plus en plus lieu
dans les textes journalistiques maigrichons) :
un site est un lieu où l'on s'assoit...
(Francko au téléphone hier :
« La semaine prochaine, je ne serai pas là.
Je vais à Prague avec Det l'F.
– Quoi ? Quand ?
– De mardi à samedi.
– Nous aussi !
– Quoi ? Quand ?
– De mercredi à samedi. »
Un doux frétillement couvre les dix kilomètres qui nous séparent tandis que nous
nous y fixons
rendez-vous...)