Il pleut !
21 h 00. Malgré tout, il a fait
beau – quoique frais. Ai passé la journée chez J***-S*** et S***.
Nombreux amis. Boisson, bonne bouffe. Résultat : un mal de crâne d'importance...
Je pensais passer cette journée à diverses tâches, toutes liées au projet. Je ne l'ai pas pu, et il a fallu quatre heures de latin tout à l'heure pour dissiper l'état de tension, et d'excitation dans lequel je me suis trouvé jusqu'en début de soirée. Et l'appel à C*** n'a rien arrangé. Pourquoi cet état que rien, apparemment, ne justifiait ? Le temps s'améliorant dans l'après-midi, l'air a pris une coloration dont les teintes étaient exactement celles des premiers jours de mai l'année dernière, ces premiers jours emplis de la douceur du soleil et de la force d'elle. Cette présence de la couleur ajoutée à ma nervosité, identique à celle que j'ai tant connue durant ces jours puis les suivants, m'a certifié que pas un mois, pas un jour ne s'était écoulé, que j'étais en mai de l'année dernière, que je venais de la rencontrer et que je me perdais dans son absence et dans l'édifiante recherche des divers moyens de la retrouver. C'était exactement cela, j'y étais, et davantage encore après l'appel qui n'avait eu d'autre motif et d'autre but que d'établir un stratagème me permettant de l'approcher. Tout recommençait...
À faire : copies pour O*** de la conférence, qui doit passer vers midi...
Répétition avec O***.
Puis avec T*** et J***-M***
pour ***.
Soirée et nuit passées chez B*** et
M***.
J'ai bu...
Journée physique, manuelle, au dehors. C'est dire que je n'ai pas mis les pieds dans mon bureau, et donc pas achevé la rédaction de la semaine. Quand donc vas-tu la recevoir ? C'est la première fois qu'un tel retard se produit, alors qu'au contraire mes congés devaient faire que la chose soit plus facile. Mystère. Quoi qu'il en soit, demain je m'y enferme et n'en bouge pas avant d'avoir cacheté l'enveloppe et terminé la seconde partie du plan deuxième version S. de F.
11 h 00. Je tire les volets. Le temps est exécrable...
(Poumons chargés, vague gueule de bois ; je devrais faire attention.)
13 h 00. Répétition avec O***.
Je m'améliore. Mais comment serai-je le jour dit ?
À 18 h 00, cours avec L***.
Ce soir, je retourne chez B*** et M*** pour une soirée crêpes.
Et une lecture.
C'est la seconde journée et rien
n'a changé. Elle est toujours là, au creux de ma tête, à écarquiller les yeux, à
rejeter ses cheveux en arrière, le geste machinal de la main qui rejette en
arrière la moitié de la chevelure. La journée de travail est incroyablement
longue et épouvantable. Toutes mes pensées vont vers elle, sans que je comprenne
encore pourquoi. Souvent je me dis que j'invente, c'est-à-dire que,
inconsciemment, je force ces pensées, je les forge de toutes pièces afin de me
donner une nouvelle figure à contempler. Je devais en manquer. Elle est tombée à
point nommé. Mais en même temps, je sais que c'est faux, car souvent, de
l'imaginer, je me sens le ventre noué. Un nœud simple de plaisir
(pas de désir !), et de regret. Mais quel regret ? Quel regret puisque ce n'est
pas un manque : j'aimerais la voir et la contempler, mais de ne pas la voir ne
me manque pas. Comme si seule la
pensée suffisait...