Tannhauser.
Gand. Le 19 avril.
Orchestre passable, chanteurs passables. Mise en scène médiocre.
L'esbroufe qui vire au grotesque.
Je ne sais même pas qui s'en est chargé et je ne veux pas le savoir...
En revanche, le programme du Vlammse Opera m'a l'air riche.
Plusieurs Puccini, dont le Turandot, pour l'année prochaine...
C'est l'anniversaire de W***.
Bon anniversaire, W***...
Casanova. Il faut prendre le texte tel qu'il est ; garder à l'esprit qu'il n'a pas été « travaillé ». Parvenant au terme des 500 premières pages, je m'aperçois que l'intérêt est inégal. Lorsque je disais que j'attendais avec une certaine impatience les rencontres amoureuses, c'était pour exprimer que le grand intérêt était là ; je veux dire non seulement en la rencontre en elle-même – qui est toujours inédite, particulière, savoureuse –, mais de surcroît en l'écriture qui y est liée. Il est manifeste qu'à ces endroits, elle est riche et belle ; qu'elle est ressentie et qu'elle ne peut bien s'exprimer que dans la spontanéité, spontanéité qu'anime le vif du souvenir. Et je me demande dans quelle mesure mon impatience n'est pas la sienne, et que dès lors, il ne « néglige » pas un peu les intervalles qui séparent chacune d'elles...
Je viens de la terminer.
J'espère que cela sera bien payé...
Je viens juste de relire la semaine et de rédiger la lettre « d'introduction ». Tu sais déjà que j'ai passé au moins un moment à jardiner. Je pensais le faire une heure ou deux, histoire de me réveiller. Ça m'a pris jusqu'à quinze heures. Heure à laquelle je suis monté rédiger le samedi. Puis me suis préparé à écrire tout ce qui durant toute la journée m'avait trotté dans la tête. Une fois la feuille engagée, rien. Vide. Je ne m'étendrai pas. Suis donc redescendu. Dans la véranda où j'ai poursuivi Hypérion d'Höderlin commencé ce matin.
Le travail de Det l'F : une
pièce, un lit, une femme nue dessus, une femme qui parle tandis qu'il la filme,
une femme qui est une fille, fille qui n'est autre que Myriam... Det l'F la
filme sous toutes les coutures, caméra à la main, à sa manière, à sa belle
et forte manière. La filme comme s'il (la) peignait : trajets de caméra
comme des tracés de pinceaux. Det l'F a un œil, une sensibilité, une intuition.
Le tout faisant que ce n'est pas un film de voyeur (et la marge, en
l'occurrence, est très étroite), mais un film de peintre. Film avec des
maladresses, quelques faux-pas. Mais film très beau ; encore que Myriam y soit
pour une part : ce n'est pas un film avec une fille nue, mais avec Myriam. On
connaît son tempérament, sa personnalité... C'était hier, au Manège, à
Maubeuge...
C'est Heure exquise qui a organisé cette soirée vidéo, puisant dans son
stock et demandant à Det l'F une participation. De fait, il était le seul
présent... Heure exquise refuse les travaux de Det l'F prétextant leur
excès de longueur. Trop longs. Qu'est-ce que cela signifie ? Si c'est une
longueur de temps, c'est ridicule ; si c'est une longueur d'attention, les
quelques films ennuyeux que nous avons vus ensuite le sont bien davantage que
les siens qui nous tiennent de bout en bout... (La diffusion de son film sur les
moniteurs s'est faite dans le brouhaha ; la projection des autres films s'est
faite dans le silence du fait de l'invitation de l'animateur de service à nous
asseoir face à l'écran. Pourquoi cet écart ?)
Maubeuge, 22 h 30. Tout est fermé. Comme dans un village. Le seul endroit ouvert était un restaurant italien qui a accepté que nous consommions, mais pas que nous mangions. Désertitude et hostilité de la province très profonde...
Souvenirs de France
revient en force dans mon esprit. J'ai même écrit deux pages hier soir
(ce matin). Et manuscritement ! Ce qui ne m'est pas arrivé, pour un premier jet,
depuis des années. J'ai l'impression qu'il y a là quelque chose qui s'amorce.
J'en ai commencé la lecture et très vite je me suis aperçu du défaut majeur du
tout. Quoique défaut ne convienne pas. Il me semble tout à fait lisible tel quel
– lisible et cohérent – mais je m'aperçois qu'il y manque peut-être quelque
chose pour le grandir tout à fait.
Quoi qu'il en soit, je demeure persuadé qu'il s'agit d'un grand texte. Je l'ai
toujours ressenti comme tel et je n'en démords pas...
(Je viens d'écrire S*** au lieu
de S***.
C'est difficile de perdre l'habitude d'un nom...)