Je suis fatigué !
Les Ménines : contre la
version du miroir : ce n'est pas un miroir, mais la toile achevée,
celle que Velasquez est précisément en train de peindre.
- ou tout est réaliste et le miroir est faux car il réfléchirait toute la
scène ;
- ou tout est réaliste sauf le miroir (fantaisie de l'auteur) et alors que ce
soit un miroir
ou non n'a strictement aucune importance.
Les Ménines est un autoportrait et le miroir est une toile.
J'ajoute : Velasquez était-il gaucher ou droitier ? Sur la toile, il est
droitier et les divers personnages semblent l'être de même (quoique à part Maria
Augustina Sarmiento !...). On peut imaginer ou que tous les deux soient gauchers
ou que tous deux étant droitiers (devenant gauchers dans le miroir qui réfléchit
la scène que V. est en train de peindre), V. ait pensé à corriger l'inversion.
Ou encore que dans un premier temps, il ait peint la scène telle que nous la
voyons en se ménageant une place pour son autoportrait (et n'oubliant pas de
corriger l'inversion)... Quoi qu'il en soit, autrement plus mystérieux que le
prétendu miroir (qui, à tout prendre, pourrait très bien n'être qu'une manière
ou une autre de faire apparaître dans la toile les parents de l'infante – on
peut imaginer un rajout après coup : remords de l'artiste ou une quelconque
occurrence ultérieure qui l'aurait obligé à les faire apparaître) est le
personnage qu'encadre la porte du fond. Avant toute chose, c'est ce qui frappe ;
c'est ce qui m'a frappé, en tout cas...
Belle journée...
Balade improvisée jusqu'à
Mers-les-Bains avec S***.
Aller et retour dans la journée.
Délicieux, vivifiant. S*** est décidément très charmante...
Mais que dois-je faire ?
Lors de notre promenade, j'étais un peu tendu. Je pensais à l'étrangeté de notre relation, pensais à mes blocages, ma peur. Pensais à ce que pourrait être ma réaction, mon comportement si tout à coup elle se rapprochait, si elle forçait le rapprochement. Il me semblait tout à fait impossible que nous puissions être autre chose que des amis. De nouveau, confusion, doute. Égarement total...
Journée magnifique, mais il fait
toujours froid.
Je désespère de voir arriver le printemps !...
Journée de travail.
Cours de grec et de latin.
Puis visite d'O***.
Avec F***, nous mangeons...
Le bouquiniste en question va
vendre un original des Plaisirs et des jours, relié maroquin.
Quatre mille francs. « Si ça vous dit... » J'ai secoué la tête en pensant à ce
que représentait
déjà pour moi cette misérable somme de cent cinquante francs...
Ça s'est passé hier, de 16 h 45 à 17 h 30, à l'Impoli à Roubaix. L'Impoli se situe dans une ancienne maison de maître reconvertie en un lieu associatif. Nous étions au rez-de-chaussée. Il y avait Thierry, Alain, Matthieu, Marc, Jacques et moi. Ce tour de chant de Thierry s'intitule Les Belles endormies. Toutes les compositions sont de lui. Nous l'accompagnions, groupe sans nom. Cela faisait 23 ans que je n'avais pas joué en groupe ; 23 ans que je ne m'étais pas produit musicalement sur une scène. C'était aussi la première fois que je tenais le clavier, piano électrique, qui est mon second instrument – et ironie, le guitariste jouait sur ma propre guitare, la fameuse Custom, qui n'avait pas pris l'air face à un public depuis 23 ans...
Thierry s'inscrit dans la lignée d'une certaine tradition de la chanson française : Higelin, Couture, Lafaille. C'est un excellent chanteur ; il est musicien, de sensibilité et de cœur ; il est généreux et offert. Je l'estime, comme j'estime son travail, même si je n'y adhère pas, et c'est du travail que je parle. Il le sait, je le lui ai dit. Lorsqu'il m'a proposé de l'accompagner au clavier, j'ai immédiatement refusé : je ne suis pas pianiste digne de ce nom, je ne suis pas fiable techniquement. Il a insisté. J'ai fini par accepter pour une seule représentation. C'était il y a quelques mois de cela. Il m'a remis les partitions pour clavier. Leur simplicité m'a rassuré, donné un peu de confiance. M'a fait estimer aussi que je pourrais bouder, durant un temps, les premières répétitions. Puis j'y suis apparu, un cycle régulier s'est mis en route. Je me suis aperçu alors que j'y prenais un plaisir inattendu. Plaisir de jouer avec d'autres, par-delà le contenu de ce qui est joué. Puis, lors de la première répétition générale à laquelle j'ai assisté, j'ai été surpris par la qualité de certaines nouvelles compositions que je découvrais et me suis trouvé fâché de n'avoir qu'un si petit rôle dans l'ensemble – quatre petites pièces sur la quinzaine de chansons du répertoire – d'autant que guitare et clavier ne jouaient jamais ensemble et que j'aurais très bien pu tenir les deux alternativement. Bref, la petite place qui jusqu'alors avait été pour moi une aubaine est devenue une frustration. J'ai ressenti cette frustration hier, celle de n'être pas davantage intégré à l'ensemble. Mais j'ai ressenti aussi ce grand plaisir de jouer, de participer à un ensemble. Grand plaisir de pratiquer la musique quel qu'en puisse être le type. Que valent tous les discours et toutes les positions sur la musique face au simple plaisir de la pratiquer ?
Il y a deux ou trois choses que je n'aime pas du tout dans son répertoire, que je trouve passablement ordinaires. Mais il y en a deux ou trois autres qui sont véritablement des réussites et qui m'émeuvent considérablement. J'ai ressenti cela aussi hier : un considérable émoi...
Au lever, il ne faisait pas très beau. À présent, il y a de belles éclaircies. Espérons que cela dure : cette après-midi, je vais à Roubaix voir S*** en compagnie de qui j'irai visiter une demeure qui, à l'en croire, est splendide. C'est à Croix... En fin d'après-midi, nous nous rendons à l'opéra de Gand où se joue Tannhauser de Richard Wagner. Je n'aime pas Richard Wagner, mais j'aime beaucoup S***. C'est une raison suffisante pour accepter le déplacement...
Journée magnifique. Soleil
splendide.
Mais air très froid, et du vent.
C'est exaspérant...
Comme tous les quinze jours, je
suis allé voir ma mère. Nous sommes allés manger au restaurant. Comme
d'habitude. Ma mère a de plus en plus de difficultés à se déplacer. Elle songe à
se séparer de la maison et à entrer dans un « foyer », comme elle l'appelle...
où elle travaille. Voilà qui me réjouit !
J'ai encore sur les lèvres le
baiser que m'a imposé
S*** hier, alors que je la déposais en face de chez elle...