« Je suis méfiant, défiant, pas dupe. En même temps, je suis crédule, naïf, candide. Il est étonnant que les deux marchent ensemble. » C’est ce qui m’est passé par la tête alors que j’abordais la page 82 des Erreurs du copiste. Faut-il y voir un lien de cause à effet, encore qu’il n’y ait pas le moindre rapport entre les deux, je veux dire entre cette page 82 (qui peut-être était la 80 ou la 86) et cette pensée, mais plus vraisemblablement entre cette lecture et cette pensée, ou plus justement entre ce livre-ci et cette pensée, ce livre et ce qu’il suscite en moi, c'est-à-dire peu de choses, et dès lors il y a moulte place (?) pour l’esprit qui allant à sa guise produit des pensées, dont cette pensée-là. Je lisais, et elle est survenue, et peut-être était-elle une conclusion à une autre pensée qui, en substance, disait : « Regard sur le monde moderne, ton du journal qui n’en est pas un. Fragments, bribes, des points de vue, des réflexions, des sentences, des condamnations, le tout sans le substrat qui aujourd’hui me semble indispensable à toute opinion de l’ordre du “ je ” personnel sans intervention de la fiction : le quotidien. Ou plutôt le décor du quotidien d’où surgira fatalement l’opinion, la réflexion. » Je mets en parallèle ce pseudo journal (qui pourrait faire penser à Sollers, encore que Sollers mette en scène son opinion dans le quotidien : je marche, je mange, j’aime, je regarde) avec le mien qui si souvent me paraît vide, sans poids, exsangue et pour tout dire inintéressant, et décrète que le mien est, en définitive, digne d’intérêt car, quoi qu’il puisse être, il ne nie pas le simple cours des choses. Ce pour dire que dans le sien, il n’y a que de l’important, du grave, du sérieux, sans la moindre place à la futilité, à la dérision, à la vanité (quoique cette dernière…). Non : futilité seul suffit. En bref, je m’ennuie un peu