J’entre en proclamant : « Je suis l’homme de tous les quinze jours. » Il y a Horace, Saturnin et Lise. Saturnin me raconte cette drôle d’histoire : il avait posé mon bon de commande sur le comptoir, une cliente avait posé ses achats sur ledit bon, elle avait emporté le tout, s’en était aperçue quelques jours plus tard, était revenue la veille (avant-hier) et que ma commande n’avait pu être passée que le lendemain. « Ce n’est pas grave, je repasserai dans quinze jours. » Je papote un moment avec Horace, nous passons dans le fond où se tient la pièce des occasions que je n’avais pas encore vue achevée. « Quoi qu’il en soit, je ne sortirai pas d’ici sans un livre... » Je fais le tour des rayons en échangeant des bêtises avec Horace. Je ne trouve rien si ce n’est un Robbe-Grillet et un Anouilh par lui-même que je me réserve à tout hasard. Je retourne dans la boutique, passe en revue le rayon japonais, demande à Lise si elle a le dernier prix Nobel, l’Autrichienne qu’Hermès m’avait vantée et dont je ne parviens pas à retenir le nom. « Non. Un client vient de passer, il me les a tous achetés. » Et un Leroi-Gourhan, non, et un, non. « Mais », me dit-elle alors que nous nous installons dans la deuxième salle autour du thé qu’elle venait de préparer faute du vin que j’avais oublié d’apporter, et tandis que je jette un œil sur la galerie murale vitrée qui propose des gravures d’une certaine Nelly Burdet qui aurait étudié à l’ESSATT, « mais il y a Savitzkaya... »