J’avais constaté en tirant les rideaux que la table au bout du jardin était au soleil ; j’avais pensé à Nancy que j’allais retrouver (« voyez-vous un inconvénient à ce que je vous appelle Nancy ? »), mais je m’étais aussitôt rappelé que je l’avais terminé. Je m’étais alors demandé ce que j’allais y lire et, en prévision d’un dérangement quelconque, Éléonore, les enfants, je m’étais rabattu sur L’Immonde. Mais avant de descendre, je suis passé dans mon bureau et, en ouvrant la fenêtre, j’ai vu sur la petite commode, en compagnie de Proust et de Gallay (« tu vois que tu n’es pas à court de lecture ! » « oui, mais ça ne me convenait pas »), Exquise Louise de Savitzkaya (où l’avais-je trouvé ?). Je n’avais pas un souvenir extraordinaire de lui, pensais mettre ce livre en vente, mais je me l’étais tout de même mis de côté, à tout hasard. C’était le bon moment, d’autant qu’il était fin et fait de petites portions à l’image de poèmes. Je l’ai emporté et lu d’un trait avec ma première cigarette. Il ne m’a pas emporté, pas déplu non plus. Je me suis simplement laissé aller au fil de ce « roman » [sic] à tendance poétique, d’une poésie peut-être un peu convenue, si tant est que je sache ce qu’est la poésie (ou alors, le « mur du son de la pensée », mais ça ne résout rien) – par contre, je sais ce qu’est le roman et ce texte n’en est pas un – il se la pète un peu, non ?... (Il y a quelque chose de Bobin, tiens...) Je suis un peu dans le cirage. Cette après-midi, j’irai acheter un Paperblank dans le centre ; j’en profiterai pour me promener du côté de la plage…

 

17 juillet 2021