Je me suis dit qu’une bonne façon d’en parler était de m’adresser à lui, c’est-à-dire de lui adresser un mot, une lettre, un message ; une adresse quoi qu’il en soit. Quelque chose qui aurait été rédigé de la manière suivante : « Gélase, C’est de ta bouche que j’ai entendu sortir pour la première fois le nom de Saramago. Je n’avais jamais entendu ce nom auparavant. Tu m’avais cité plusieurs titres, dont L’Aveuglement, en allant même jusqu’à me le résumer en disant : c’est l’histoire d’un monde où tout le monde est aveugle. J’ai immédiatement pensé à la nouvelle de Vian où un brouillard soudain et opaque au point de boucher la vue plonge toute la population dans une sorte de cécité qu’à la fin elle décide de conserver. Elle doit faire une dizaine de pages. Ça me semblait un format idéal pour ce type de thème ; lorsque tu m’en as parlé, je me suis imaginé cette nouvelle étirée sur trois cents. Ça ne me semblait pas imaginable. J’ai lu d’autres titres de Saramago. Lorsque j’ai trouvé L’Aveuglement chez Pêle-Mêle il y a quelques mois, je l’ai évidemment acheté, mais je savais qu’il allait me falloir longtemps avant d’accepter de l’entamer, persuadé que j’étais qu’il ne pouvait en sortir que de la pesanteur et de l’ennui. Le moment de le lire est arrivé hier. Aujourd’hui, je suis remué de fond en comble. Merci. »

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