Lorsque je me suis réveillé, il était toujours à mon chevet, à même le sol, avec mes lunettes repliées posées dessus. Je l’ai glissé dans mon sac, ai refermé mon sac, suis descendu en me demandant à quel moment j’allais bien pouvoir y retourner, en pensant même à un moment donné à bouleverser mes habitudes de lecture du journal le midi chez Bert. Mais l’ambiance ne s’y serait pas prêtée. Il me restait comme seule possibilité, avant le retour, d’attendre, comme la veille, comme tous les autres jours de travail, le moment où l’on me délivrerait les clefs du service désert. C’est bien à ce moment-là que j’ai pu m’y remettre. Une heure et demie plus tard, j’ai dû le refermer en en étant pas encore parvenu au terme. Je suis passé chez Omer et Falbala pour remettre à Falbala, comme promis, l'enregistreur MD qu’elle m’avait demandé de lui prêter pour enregistrer un cycle de conférences dans le cadre de son master. J’ai sorti le matériel, l’ai posé sur la table basse. Mon sac était ouvert et l’on voyait la tranche du livre. En y posant l’œil, j’étais sur le point de dire : « Je suis en train de lire un livre qui me bouleverse complètement. » Je ne l’ai pas dit, ai poursuivi ma leçon d’enregistrement. Je suis rentré deux heures plus tard. Nous avons mangé. Il était déjà tard lorsque je suis monté. Je ne pensais qu’à ça : terminer ce livre que je ne voulais pas voir terminé. En même temps, je savais qu’une fois achevé, il allait falloir que j’en dise quelque chose, qu’il fallait en parler, laisser une trace à la mesure de la secousse qui m’agitait. J’ai alors pensé à Gélase, Gélase qui du reste est revenu souvent dans mes pensées au cours de ces heures de lecture...